La thésaurisation affective des objets-souvenirs : du chez-soi au musée - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

La thésaurisation affective des objets-souvenirs : du chez-soi au musée

Résumé

La thésaurisation affective des objets-souvenirs : du chez-soi au musée Véronique dassiÉ Docteur en ethnologie Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain UMR 8177, équipe LAHIC Rapporter un souvenir de voyage, le garder chez soi parmi d'autres comme la montre héritée d'un grand-père, un bibelot reçu en cadeau ou encore la robe qu'on portait le jour de son mariage… la pratique est banale et ne semble a priori concerner que des individus et par conséquent des choix personnels. Le déploiement de cette mémoire matérielle dans la sphère privée laisse pourtant entrevoir une articulation du registre individuel avec le collectif. La conservation d'objets-souvenirs révèle qu'à travers la mise en forme de l'inti-mité domestique se joue une inscription sociale du sujet qui dépasse les considérations strictement personnelles. Aussi intimes et singuliers soient-ils, ces objets sont prédisposés à devenir des éléments du patrimoine collectif. Les musées de société regorgent en effet de ces vestiges. Après avoir reçu l'attention particulière de leurs gardiens et échappé aux disparitions qui guettent d'ordinaire les objets devenus obsolètes, ces souvenirs peuvent un jour être donnés à l'institution qui saura les préserver d'un sort plus funeste en pro-longeant leur conservation. Si la sphère domestique peut à ce titre être considérée comme une « antichambre » du patrimoine, les conditions du basculement d'un objet de la sphère privée dans la sphère publique nous permettent de saisir le processus qui amène un objet ordinaire et personnel à acquérir une valeur collective. L'analyse de ces thésaurisations ordinaires met en évidence de quelle manière un objet singulier peut devenir support d'une mémoire collective. Nous verrons que ce passage implique trois volets. Il y a en premier lieu dématérialisation symbolique de l'objet ordinaire, indispensable à sa mise en valeur affective et à sa conversion en objet sacré. Par ailleurs, son identification comme objet d'affection lui donne une dimension sociale explicitée à travers les circonstances dans lesquelles son devenir est remis en question. Enfin, l'engagement du corps dans la construction de l'attachement à l'objet renforce sa valeur patrimoniale. Une mémoire solidifiée ? Le lien entre des objets et la mémoire est énoncé d'emblée avec le rapprochement des termes objets et souvenirs. N'importe quel bibelot ou ustensile paraît pouvoir devenir un support de mémoire dès qu'il est considéré comme un souvenir. Ces objets ont pourtant peu suscité l'intérêt des sciences sociales jusqu'à présent, malgré une longue réflexion héritée de la philosophie de la mémoire puis plus récemment de la psychologie. Trop ordinaires pour être pris au sérieux, ils sont restés en marge des travaux menés sur la mémoire collective. Les anthropologues et les sociologues ont pourtant repéré leur aptitude à faire mémoire. Dans leurs travaux sur la mémoire familiale, Françoise Zonabend et Anne Muxel soulignent ainsi la présence de supports matériels, la première en voyant les
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Dates et versions

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  • HAL Id : hal-01212187 , version 1

Citer

Véronique Dassié. La thésaurisation affective des objets-souvenirs : du chez-soi au musée. CTHS. Mémoire familiale, objets et économies affectives, , pp.115-128, 2012, 1773-0899. ⟨hal-01212187⟩
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