Mobilité d'une force collective, participation subordonnée et désobéissance réussie
Abstract
Le rapport entre régimes de mobilisation et droit de participer aux ressources collectives est ambivalent et toujours instable car fondamentalement, dans le cadre d'un travail rémunéré par autrui, travailler c'est "participer à l'entreprise d'autrui" ; accepter une embauche c'est accepter de s'engager sur un principe de collaboration dont on ne peut anticiper les formes. La notion de "participation" concerne donc les relations entre soi et d'autres, entre intégration et séparation, entre autonomie et hétéronomie ; elle traduit un mouvement de dépendance réciproque des hommes entre eux. Partant de là, elle sera toujours conditionnelle, relative aux contraintes et déterminations des situations particulières. La situation de subordination de soldats en opération militaire fournit l'occasion de montrer l'ambiguïté essentielle d'une "participation subordonnée", ambiguïté qui peut être contenue dans la formule : "une initiative est une désobéissance réussie". On peut conclure qu'il ne peut y avoir de "concept pur" de la participation, le différent et l'identique ne peuvent être confondus sous peine de dissoudre la question. On touche ici la difficulté de développer une approche socio-anthropologique du travail qui prenne en compte les spécificités des formes sociales dans les situations concrètes tout en s'interrogeant sur les transformations de la société salariale.