Justice et apologie de Socrate dans le Gorgias de Platon - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Justice et apologie de Socrate dans le Gorgias de Platon

Résumé

Le Gorgias est un écheveau de thèmes : rhétorique, justice, toute puissance et plaisir, plaisir et bien, politique et philosophie, bonheur et choix de vie. Mon objet, en étudiant la justice, n'est pas de fixer le σκοπός du dialogue, mais de définir l'intension du concept de « justice » employé par les interlocuteurs. La justice est le point d’achoppement et de relance de la discussion, même si les interlocuteurs de Socrate opposent des résistances différentes : Gorgias voudrait ne pas définir la rhétorique par son objet, mais finit par admettre que c’est le juste et l’injuste. Polos refuse de limiter l’exercice de la rhétorique en lui imposant la connaissance préalable de la justice. Quant à Calliclès, il récuse que le respect de la justice soit une « belle chose » (καλόν). Mais que faut-il entendre par « justice » (τὰ δίκαια, τὸ δίκαιον, ἡ δικαιοσύνη) ? Le concept de « juste » ? Est-ce ainsi qu’il faut comprendre τὸ δίκαιον ? La « vertu » (ἀρετή) de justice, comme le suggère plutôt l’emploi de δικαιοσύνη ? L’institution judiciaire, avec la récurrence du lexique du tribunal (δικαστής, δικαστική, δική et δικὴν διδόναι, δικαστήριον) ? La norme (καλόν) qu’impose le « droit positif » (νόμος) ? Cette apparente polysémie de la « justice » dans le Gorgias contribue à brouiller l’interprétation du dialogue. Le lecteur peut, ou soupçonner Socrate de se comporter en sophiste –de jouer délibérément de la polysémie du nom pour réfuter ses interlocuteurs–, ou se retirer devant un sens qui lui échappe faute d’entrer dans la pensée de Socrate. Cette seconde possibilité revient à faire de Socrate un héros du « juste » –transcendant ou non–, un héros seul face à la cité. On peut cependant faire une autre hypothèse : que Socrate ne défende pas le juste face à la loi, mais le juste qu’instancient la loi, le droit positif. Dans cette hypothèse, on peut comprendre que la justice ne soit pas définie : elle l’est de fait par la loi athénienne. Or le procès de Socrate est un point de mire du dialogue : la menace que fait peser Calliclès sur Socrate, menace historiquement avérée pour le lecteur, constitue l’horizon de lecture. Faire de Socrate un défenseur de la loi, de la loi démocratique athénienne, c’est renverser l’accusation historique de corruption de la jeunesse ; c’est désigner la rhétorique comme l’auteur véritable de cette corruption –elle qui revendique l’apparence de la justice pour mieux se soustraire à la loi. Comme l’indique le titre de cet article, mon objectif sera double : montrer l’unité de la « justice » dans le cadre de la loi pour mettre en évidence le principe de l’apologie platonicienne de Socrate.
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Dates et versions

hal-01320325 , version 1 (05-10-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01320325 , version 1

Citer

Anne Balansard. Justice et apologie de Socrate dans le Gorgias de Platon. Lucrèce/Platon: conférences d'agrégation de l'APLAES, APLAES, Jan 2016, Paris, France. ⟨hal-01320325⟩
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