L. De-cambridge, « ignore tout du respect qu'une dame est en droit d'attendre d'un vulgaire esclave 37 . » Le lecteur inattentif peut être tenté de procéder comme Emily et de refermer le texte, non convaincu. Pour dépasser cette réaction hâtive, C. Phillips exige de son lecteur qu'il fasse montre d'une plus grande tolérance que ses personnages et qu'il admette que leurs discours sont, pour l'essentiel, historiquement déterminés. Le coup de force du romancier est ainsi de renvoyer dos à dos deux personnages qui ont été colonisés ? parasités, en d'autres termes ? par la même langue : celle de l'Empire. Loin de les rapprocher, ce patrimoine commun crée entre eux des distances incommensurables. Tous deux investis par la langue de l'autre ? celle de l'Anglais, sujet à la fois masculin et blanc ? refusent d'accorder le statut de sujet à quiconque contrevient à ces critères, En prenant le parti du sujet maître, ils pensent expulser l'autre (l'homme noir pour Emily, la femme blanche pour Cambridge) hors de sa centralité, et par là se tailler une place à l'ombre du maître

E. Parallèlement and . Refusant, le romancier s'interdit de donner à quiconque un point de vue surplombant, apte à rétablir l'assise d'un sujet maître. Il contraint le lecteur à développer une « conscience galiléenne » 38 , sans place fixe, dont la position varie au gré de ce que le récit de chaque protagoniste laisse affleurer

. Phillips, par le biais de la fiction, à créer « ce nouvel ordre du monde », dans lequel « personne ne se sentira complètement chez soi, p.39

C. Phillips, A new world order, Wasafiri, vol.16, issue.34, p.5, 2001.
DOI : 10.1080/02690050108589754