Les lieux communs du féminin : l'asile psychiatrique et sa représentation après The Bell Jar de Sylvia Plath - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2016

Les lieux communs du féminin : l'asile psychiatrique et sa représentation après The Bell Jar de Sylvia Plath

Résumé

Si vous êtes modernes et ne jurez plus que par le site de réseau social Facebook, vous savez sûrement qu'il y existe un groupe intitulé « I Love Books about Crazy People » , témoin, s'il en fallait un, que la littérature d'une part n'est pas en perte de vitesse, et d'autre part que la folie exerce une fascination chez les lecteurs, désireux d'entrer dans un univers qui semble par métonymie prendre consistance dans l'hôpital psychiatrique. Ce groupe Facebook recense en effet les œuvres, ou plutôt les livres (car ces productions sont de qualité variable), ayant trait à la folie, soit près de 400 références . Au premier plan de cette liste se trouvent des œuvres américaines qui sont populaires auprès d'un public d'adolescents et de jeunes adultes, tels que One Flew Over a Cuckoo's Nest, Prozac Nation et The Bell Jar . Les œuvres qui y sont listées ne sont pas de même nature : œuvres de fiction côtoient œuvres autobiographiques, œuvres à fort tirage, œuvres plus confidentielles, auteurs confirmés, auteurs mineurs. La plupart témoignent d'une fascination des lecteurs pour l'hôpital psychiatrique, c'est-à-dire pour ce qui est normalement hors de la scène sociale et ne leur est guère familier. Si la parution en 1961 de l'ouvrage de Foucault, Histoire de la folie à l'âge classique , a permis de jeter la lumière sur cet espace particulier en France principalement, l'ouvrage d'Elaine Showalter a eu la même fonction pour les pays anglo-saxons, et plus particulièrement l'Angleterre, si bien qu'entre 1960 et 1987 l'hôpital psychiatrique est devenu objet de lectures critiques propres à démonter et déconstruire ce qui avait pu apparaître comme la production d'un discours médical, auréolée d'une caution scientifique, donc vraie... E. Showalter explique que les récits personnels d'internement ont toujours eu cours (qu'ils aient été transmis par l'intermédiaire indirect des praticiens ou par des documents de nature privée ). Or, on sait que la littérature de l'intime est traditionnellement le lieu privilégié de l'expression des femmes . De plus, c'est bien dans cette littérature personnelle que les modèles du genre vont trouver leur expression : « These parallels between schizophrenia and female identity were developed fully in three important women’s autobiographical novels of the 1960s: Jennifer Dawson’s The Ha-Ha (1961), Janet Frame’s Faces in the Water (1961) and Sylvia Plath’s The Bell Jar (1963). » Parmi ces trois œuvres, qui, à la même période, fondaient une sous-catégorie de l'autobiographie, celle des récits d'internement asilaire, The Bell Jar fait figure de chef-d'œuvre, l'ouvrage de Dawson ayant été oublié, et celui de Frame dépassé par l'incroyable fortune de son autobiographie où l'espace asilaire est précisément très réduit . Plutôt que la schizophrénie, ce serait un lieu (l'asile) qui permettrait d'articuler une réflexion sur l'identité féminine fondée sur l'exclusion : ces œuvres ont en effet mis l'accent sur l'expérience asilaire plutôt que celle de la déraison et du traumatisme.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01400474 , version 1 (22-11-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01400474 , version 1

Citer

Nicolas Pierre Boileau. Les lieux communs du féminin : l'asile psychiatrique et sa représentation après The Bell Jar de Sylvia Plath. Les Lieux du féminin, 2016. ⟨hal-01400474⟩
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