SANTÉ AU TRAVAIL DES ENSEIGNANTS : NOUVELLES ORIENTATIONS DANS L'ÉTUDE DES MODES DE COPING - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Poster De Conférence Année : 2016

SANTÉ AU TRAVAIL DES ENSEIGNANTS : NOUVELLES ORIENTATIONS DANS L'ÉTUDE DES MODES DE COPING

Résumé

Les préoccupations concernant le bien-être au travail des enseignants sont l’objet d’un intérêt croissant. En France, 14% des personnels de l’éducation présentent tous les symptômes d’un épuisement professionnel (ou burnout) et 25% sont en état de tension au travail (étude « carrefour santé social » réalisée par la MGEN en 2013). Le stress professionnel, l’anxiété, la dépression, le burnout sont autant de signaux de souffrance habituellement évalués dans les études actuelles sur la population enseignante. Face à ce que l’on pourrait appeler plus généralement « la détresse émotionnelle » des enseignants, de nombreux travaux s’intéressent aux stratégies développées en réponse aux situations difficiles du métier. Il s’agit des modes de coping classiques définis par Folkman et Lazarus dans leur modèle du stress (stratégie orientée sur le problème ou sur l’émotion). Le stress serait davantage présent chez les enseignants ayant recours au coping émotionnel alors qu’une stratégie centrée sur le problème aurait tendance à prédire un haut niveau d’accomplissement personnel. Le « soutien social » apparaît parfois comme une troisième stratégie générale dans certaines recherches. Elle revêt notamment un intérêt dans les études spécifiques au contexte professionnel de l’enseignement. Le modèle de conservation des ressources (COR) du burnout de Hobfoll distingue deux types de soutien : le « soutien émotionnel » comme manifestation de confiance et d’empathie de la part des autres permettant de renforcer les capacités de régulation émotionnelle intra-individuelle, et le « soutien instrumental » comme assistance technique, informations pertinentes ou conseils, réflexion au sujet des difficultés surgissant dans le contexte professionnel. Ces deux types de soutien peuvent émaner des collègues de travail comme de la sphère personnelle (mari, enfants, parents, etc.). Dans tous les cas, leur présence est associée à des niveaux bas d’épuisement professionnel. Il faut cependant distinguer le « soutien social perçu » qui est une évaluation des ressources sociales dont on croit pouvoir disposer en cas de besoin, de la « recherche de soutien social » qui correspond davantage au comportement actif de recherche de sympathie ou d’aide de la part d’autrui. Au-delà des définitions et des modèles sous-jacents, il nous semble que la différence entre la « recherche de soutien social » et le « soutien social perçu » tient aux outils développés pour les évaluer. Il existe de nombreuses échelles pour évaluer le soutien social perçu. Le coping « recherche de soutien social » est quant à lui peu évalué et donc peu présent dans la plupart des études sur les coping. Une étude française s’est attachée à adapter l’échelle de coping de Dewe spécifique aux enseignants (Laugaa et al., 2008). Les résultats montrent que dans sa version française, cette échelle peine à évaluer le coping « recherche de soutien social ». Les auteurs concluent que l’instrument évalue les deux modes de coping classiques de façon satisfaisante mais que le troisième type de coping évalué correspond au « besoin de communiquer » plus qu’à une réelle recherche d’aide ou de soutien. Il nous semble par conséquent qu’évaluer plus en détails aux moyens de différentes échelles (plutôt qu’une seule) le phénomène de recherche de soutien social dans une population d’enseignants relève d’un intérêt certain. Le concept de « partage social des émotions » de Rimé (2007) renvoie aux comportements sociaux de régulation émotionnelle auquel le sujet peut faire appel en fonction des situations émotionnelles qu’il rencontre. La « recherche de soutien social » semble donc proche de ce procédé de régulation émotionnelle interpersonnelle (Zaki et Williams, 2013). En fait, on ne peut dissocier les modes de régulation intra et inter-individuel des émotions, ils sont complémentaires et indissociables. S’intéresser aux modes de coping internes (réévaluation cognitive, recherche de distracteur, distanciation...) sans prendre en compte ceux impliquant autrui (recherche de soutien, partage social) reviendrait à n’avoir qu’une vision partielle des moyens de régulation émotionnelle dont les individus disposent que ce soit dans un contexte professionnel ou non. Une étude complémentaire sur les coping classiques (processus de régulation endogène) et le partage social (procédé de régulation exogène) permettrait d’obtenir des données inédites et de modéliser les moyens de gestion émotionnelle mis en œuvre par les enseignants dans leur pratique. Des implications de ce type d’étude aux niveaux préventif et formatif seront à envisager.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01449682 , version 1 (30-01-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01449682 , version 1

Citer

Aurélie Pasquier, Vincent Bréjard, Grégory Lo Monaco, Lionel Dany, Rimé Bernard. SANTÉ AU TRAVAIL DES ENSEIGNANTS : NOUVELLES ORIENTATIONS DANS L'ÉTUDE DES MODES DE COPING. 57ème Congrès de la Société Française de Psychologie, Sep 2016, Paris, France. ⟨hal-01449682⟩
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