, les quadrupèdes (iumenta) et l'homme (hominem) sont créés séparément. Or ce sont ces trois créatures que la peau du Chevalier de la mer réunit à sa surface, incarnant ainsi l'indistinction diabolique. De même, la description de dépouille détaille toutes les pièces d'armement ? heaume, haubert, écu, épée, lance ? autant d'objets distincts et autonomes qui en réalité sont une seule, Le texte biblique précise que les monstres marins (cete grandia)

M. Pastoureau, , pp.13-43

M. Pastoureau, , p.37

, Arthur et la Dame y entendent d'horribles cris : «Si se merveillent moult que ce puet estre. Et telz y a qui dïent que c'est la génération du Poisson Chevalier, et les autres dïent que ce sont dyables qui usent leurs vertus, p.24

, Rappelons que le substantif diable dérive du verbe grec ?????????? : désunir, séparer, apporter la discorde

, Gen, vol.1, pp.6-7

, Gen, vol.1, pp.21-26

D. Régnier-bohler, «Exploration d'une littérature», Histoire de la vie privée. De l'Europe féodale à la Renaissance, p.370, 1985.

O. Blanc, Parades et parures. L'invention du corps de mode à la fin du Moyen Âge, pp.155-89, 1997.

O. Blanc, Parades, 156 et, pp.160-161

M. , Pouchelle montre que dans l'opposition entre peau-cuir et vêtement, ce dernier assure une «mise en ordre du monde». Cf. «Des peaux de bêtes et des fourrures. Histoire médiévale d'une fascination, Le temps de la réflexion, vol.2, pp.403-441, 1981.

, Le détail renforce l'idée que cette peau efface les catégories les plus fondamentales du monde naturel puisque ce qui semble être un objet inanimé (le bouclier) possède les qualités d'un être vivant

H. De and M. , Chirurgie, p.216, 1893.

. Papegau, Notons qu'une telle exhibition de la dépouille de l'ennemi est rapportée au XIV e s. par Ibn Battuta dans sa Rihla : «il l'égorgea, l'écorcha, remplit sa peau de paille et l'accrocha au rempart de la ville de Mutra où je l'ai vu, Voyageurs arabes, vol.24, p.953, 1995.

. Papegau, , p.64

, Aymeri, s'arme : «a son col pent une targe roëe,/onques ne fu polie ne soudee,/ne cuirie ne fu ne painturee,/ainz fu par tout de coulor desguisee/si faitement com el fu premiers nee ;/ce fu l'eschaille d'une ançoine barbee,/d'un fier poisson de haute met betee/qui plus tost nöe par ces ondes mellees/que faux gruier ne vole a recelee ;/mas tant est dure et chaucie et serree,/ne doute cop de lance ne d'espee». Le bouclier à peau de serpent en constitue une variante chez, Ce motif se retrouve dans La Mort Aymeri, vv. 3164-73 : Guibelin, compagnon d, 1928.

, Le cuir traditionnellement utilisé au Moyen Âge pour recouvrir les escus, targes, broquels et autres adorgnes, est un cuir d'animaux domestiques : Cl. Gaier, dans L'industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges du XIII e à la fin du XV e siècle, 1973.

D. Régnier-bohler and . Arthur, 94 et P. Victorin «Le perroquet, p.411

. Papegau, , p.49

, Le thème de la tunique de peau comme signe de la nature pécheresse du fidèle nourrit la pensée exégétique des Pères chrétiens, à commencer par celle de d'Origène : Homélies sur le Lévitique, Confessiones XIII, 15, 16, mais aussi dans son commentaire de l'épisode de Jonas et la baleine : Epistola CII. Sex quaestiones contra paganos expositae, «Quaestio six, vol.10, p.83, 1997.

, Sur la licorne dans l'imaginaire médiéval, voir A. Planche, «La double licorne ou le chasseur chassé», Marche romane, vol.30, pp.237-283, 1980.

. M. Cf, . -ch, and . Pouchelle, Le sang et ses pouvoirs au Moyen Âge, pp.17-41, 1988.

;. Perrot, E. E. Iv, and . Atwood, Notons aussi que le centaure, antique ou médiéval, se nourrit de chair crue, Du sang au lait : l'imaginaire du sang et ses logiques dans les passions de martyrs, pp.153-94, 1999.

D. Régnier-bohler and . Arthur, , vol.101

, Cf. les précisions de Ch. Ferlampin-Acher, Fées, bestes et luitons. Croyances et merveilles dans les romans français en prose (XIIIe-XIVe siècles), pp.299-304, 2002.

, Huon de Bordeaux met en scène Malabron, un luiton qui sort de la mer sous la forme d'une « beste » : «Si a son cief devers destre torné ;/voir une beste venir devers la mer/que plus tost noe que saumons ens la mer./En guise estoit d'un luiton figurés ;/devant Huon se jete enmi le pré/et puis s'escoust, poissons-chevaliers du Perceforest (XIV e s.), roman dans lequel Béthidès, échoué sur une île, doit combattre d'étranges poissons : Après 1250, vol.106

E. Malabron and . Par-le-nain-aubéron, Tous ces traits (chevalier marin, peau intégrale, pièces d'armes intégrées à la peau) sont synthétisés par le Chevalier de la mer dont la peau intertextuelle contient tous ces monstres littéraires? Face à cette prolifération du monstrueux, la peau de la parande se contente d'une classique juxtaposition d'animaux bien réels, vol.107

. Perceforest, , vol.2, p.274, 1991.

, Cet épisode est hérité d'une tradition fort ancienne (Pseudo-Callisthène, Historia de preliis, AEthicus Ister, etc.) dont rend compte C. Gaullier-Bougassas : «La réécriture inventive d'une même séquence : quelques versions du voyage d'Alexandre sous les mers», Bien dire et bien aprandre, Aux frontières du merveilleux et du fantastique dans Perceforest, vol.14, pp.81-104, 1994.

, où Pline parle de la «volgi opinio, quicquid nascatur in parte naturae ulla, et in mari esse praeterque multa quae nusquam alibi. Rerum quidem, non solum animalium, simulacra inesse licet intellegere intuentibus uvam, gladium, serras, cucumin vero et colore et odore similem, quo minus miremur equorum capita in tam parvus eminere cocleis» : «l'opinion commune selon laquelle tout ce qui naît quelque part dans la nature se trouve aussi dans la mer, sans compter de nombreuses autres choses qui ne se trouvent nulle part ailleurs. On peut également s'apercevoir qu'il y a dans la mer des êtres à l'imitation non seulement des choses animales, mais aussi des choses inanimées, 1955.

O. Gervais-de-tilbury and . Imperialia, Hannover 1856, 30, «Les marins avaient déjà perdu tout espoir de rester en vie, lorsque arriva à cheval, marchant sur la mer

B. Huon-de, , vol.248, pp.5350-357, 1960.

, La liste n'est évidemment pas close, et nous ne parlons pas, par exemple, du chevalier du lai de Tydorel qui s'enfonce à cheval dans un lac, ni du chevalier noir sorti des eaux troubles d'un marais dans la Queste del Saint Graal, vol.146, pp.150-79, 1984.

. Le, ?] s'attache à une chaîne de motifs qui semblent n'être que des vignettes. [?] un temps pour le coeur, un temps pour le l'épée, un temps pour la robinsonnade, chambre d'amour, champ du tournoi, forêt et lande, demeures périlleuses, terre inconnue, autant de segments dont le suspense ne s'élabore qu'au sein de la grande parenthèse que la tradition octroie à Arthur, vol.108

, le roman en prose se tourne résolument vers une écriture à la temporalité complexe, usant à l'extrême de la technique de l'entrelacement, le Chevalier au Papegau manifeste comme une nostalgie des «origines» du roman arthurien et une horreur pour la pure continuité, conformément à la «pensée médiévale» qui est fondamentalement une pensée du discontinu 110 . Il n'est besoin que de constater à cet égard à quel point le regard d'un lecteur de manuscrit est dirigé sur la page de vélin, organisée en colonnes, composée de lignes ajustées, hiérarchisée par des lettrines, architecturée par des miniatures 111 . A l'instar du cuir du manuscrit, le récit doit comporter de tels découpages, de telles découpes, et la langue médiévale elle-même en rend compte, qui, pour dire récit, utilise le terme métonymique de «cuyr 112 ». Aujourd'hui encore l'expression tardive « peau parcheminée » illustre ces affinités entre livre et peau 113 . Au Moyen Âge, le cuyr est inextricablement matériau du livre et support de texte, motif fictionnel et signe littéraire, au point que cuyr et texte parfois se confondent

D. Régnier-bohler and . Arthur, , pp.96-103

P. Victorin and . Le, , p.401

. P. Cf, J. L. Zumthor-la-mesure-du-monde-;-et-de, «. Goff, and . Centre, 51 : «Le lieu est, lui, lourd d'un sens positif, stable et riche : discontinu, il fait événement dans l'étendue». On se reportera également aux analyses de H. Martin, Mentalités médiévales, XIe-XVe siècle, Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, pp.149-65, 1993.

. H. Cf, J. Martin, and J. Vezin, Mise en page et mise en texte du livre manuscrit, 1990.

.. Cf and . Lalande, La peau et les mots», Prospective et santé, vol.27, pp.45-51, 1983.

, L'expression est attestée en 1838

. Doc, 1 : Napoli, Museo Archeologico Nazionale, Chiron et Achille, fresque, pseudo-basilique d'Herculanum, I er siècle avant

R. Doc-;-:-leiden, . Bibliotheek, and . Sagittaire, Germanicus, Aratea, ms. Voss. lat. Q. 79, fol. 52v, 2 nd quart du IX e siècle, in Astrologia. Arte e cultura in età rinascimentale, p.17, 1996.

B. Lyon, M. Municipale, . François, and . Sagittaire, Livre d'heures de Jacques de Langeac, ms. 5154, fol. 7r, p.1465

;. Doc, B. Paris, and . Nationale, «Mort et Lapithes attaquant un centaure et une femme sauvage», Heures de Charles d'Angoulême, ms. lat. 1173, fol. 41v, avant 1496, in Ch. D. Cuttler, «Exotics in post-medieval european art : giraffes and centaurs, Artibus et Historiae, vol.4, p.175, 1991.

;. Doc, B. Venezia, «. Di-san-marco, and . Sagittaire, voussure du portail majeur, vers 1240, in G. Tiegler, Il portale maggiore di san Marco a Venezia. Aspetti iconografici e stilistici dei rilievi duecenteschi, vol.6, p.547, 1995.

K. Doc-;-regensburg, . Sankt-emmeram, and ». Centaure, W. von Blankenburg, Heilige und dämonische Tiere. Die Symbolsprache der deutschen Ornamentik im frühen Mittelalter, vol.7, p.40, 1975.

;. Doc, . Zürich, . Großmünster, and ». Centaures, chapiteau, entre 1180 et 1210, in W. von Blankenburg, Heilige und dämonische Tiere, vol.8, p.39

;. Doc, B. Paris, R. Nationale, «. Testard, and . Antoine, Les Merveilles du monde ou les Secrets de l'Histoire naturelle, ms. fr. 22971, fol. 16v, vers 1480. Doc. 10 : Paris, Bibliothèque Nationale, «Bataille entre Grecs et Troyens», Benoît de, vol.9

É. Doc-;-commensacq, . Paroissiale-saint-martin, ». Centaure, . Blaise, and . Xv-e-siècle, , vol.11, p.260, 1985.

. Doc, Toulouse, Musée des Augustins, vol.12, p.79, 1998.

, Doc. 13 : Roma, Biblioteca Vaticana, «Combat d'Hercule contre les centaures », Fulgence, Metaforalis, ms. Reg. Lat. 1290, fol. 5r, XIV e siècle, in H. Liebeschütz, Fulgentius Metaforalis, 1926.

. Doc, Köln, Reinisches Museum, « Centaure », date incertaine (XII e siècle ?), in : W. von Blankenburg, Heilige und dämonische Tiere, vol.14, p.55

, «Centaure combattant un dragon», chapiteau d'un arc du chancel, 2 e moitié du XII e siècle, p.363, 1887.

;. Doc, B. Paris, . Mazarine, and . Sagittaire, Heures à l'usage de Tours, ms. 507, fol 11 v, vol.16, p.1490

;. Doc, . Vendôme, . Bibliothèque-municipale, and . Sagittaire, , vol.17

B. Doc-;-lyon, . Municipale, and . Sagittaire, , vol.18

. Doc, Koninklijke Bibliotheek, «Mois de novembre : centaure et abattage du cochon», Livre d'heures à l'usage d'Utrecht, ms, vol.19