La commune mixte de La Calle en Algérie. L'espace d'un voisinage contraint en contexte colonial (1884-1957) - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2016

La commune mixte de La Calle en Algérie. L'espace d'un voisinage contraint en contexte colonial (1884-1957)

Résumé

La commune mixte de La Calle en Algérie. L'espace d'un voisinage contraint en contexte colonial (1884-1957) Dans l'Algérie coloniale de la deuxième moitié du XIXe siècle, l'administration militaire cède progressivement la place au régime civil et au peuplement européen. Cette mutation s'accompagne d'un redécoupage administratif du territoire qui structure peu à peu l'ensemble de la colonie à partir de deux types de communes : les communes de plein exercice et les communes mixtes. Les premières s'apparentent à la commune telle qu'elle existe en France métropolitaine et se développent sur les littoraux à partir de sites urbains préexistants. Elles sont administrées par un maire élu par des conseillers municipaux français. En revanche, les communes mixtes constituent de véritables innovations administratives, des structures de circonstance conçues comme des outils de colonisation pour l'intérieur du territoire. Elles présentent une organisation singulière que favorise le contexte colonial. L'espace y est marqué par une forte asymétrie du peuplement, entre des populations colonisées dont le poids démographique va croissant sur l'ensemble de la période, en dépit des crises de la fin du XIXe siècle, et une présence quasi symbolique des colons qu'il s'agit d'attirer et de maintenir. Le peuplement de ces communes mixtes par des colons français est donc l'enjeu de la réussite du projet colonial. La commune mixte est d'abord un espace administratif dont le maillage produit un « monde social » dual. Colons européens et populations algériennes colonisées coexistent dans un espace partagé dont le découpage précède en partie le peuplement. Celui-ci résulte de ce que Guy di Méo nomme la territorialisation autoritaire, orchestrée par « des autorités détentrices d'un pouvoir fort et rationaliste, parfois coercitif, parfois porteur d'utopie. » (Di Méo, 1998). Les relations originelles entre colons et colonisés sont ainsi conditionnées par le découpage strict et ségrégé dans lequel l'administration les inscrit. La fabrique de ce territoire produit des voisinages imposés dont il convient d'appréhender les dimensions spatiales et sociales à savoir « soit l'ensemble des voisins, soit l'espace qui se trouve à proximité. Mais au-delà du groupe social ou de l'unité spatiale, le voisinage englobe une autre dimension, d'ordre relationnel » (Dorier-Apprill et Gervais-Lambony, 2007). L'évolution des formes du voisinage dans cette structure administrative en contexte colonial sera abordée en envisageant d'abord le voisinage en commune mixte comme projet, puis sa mise en oeuvre dans le cadre de la colonisation officielle. La dernière partie présentera les formes spontanées et inattendues de voisinage en lien avec les mobilités de l'ensemble des acteurs vivant dans cette circonscription. La commune mixte, un espace partagé pour les besoins de la colonisation de peuplement La commune mixte voit le jour dans le contexte de l'administration militaire, mais la forme qu'elle prend et qui se diffuse pendant la quasi-totalité de la période coloniale est celle qui lui est donnée avec la mise en place de l'administration civile et la volonté de peupler l'intérieur des terres, où peu d'Européens sont présents. Une structure administrative inédite C'est en 1868 que le maréchal Niel propose à l'Empereur Napoléon III un rapport qui constitue l'acte de naissance de la commune mixte. L'administration militaire domine alors sur le territoire mais le propos suggère la mise en place d'un voisinage entre colons et populations colonisées. Ainsi, la commune mixte est « là où la population européenne n'est pas assez agglomérée, assez compacte, assez dense, pour former une commune de plein exercice, mais cependant assez nombreuse pour qu'il y ait lieu d'admettre à prendre une part à la gestion des intérêts communs, et de la préparer, ainsi que les indigènes qui vivent à côté d'elle, à notre organisation communale63 ». C'est donc la nature du peuplement – et plus particulièrement la présence des Européens-qui détermine la création des communes mixtes dans l'intérieur du pays, où elles constituent de véritables fronts pionniers, des espaces-outils de colonisation. La cohabitation des populations européennes avec les tribus est également inhérente à ces circonscriptions administratives, dans une situation de voisinage explicite

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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01670927 , version 1 (08-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01670927 , version 1

Citer

Christine Mussard. La commune mixte de La Calle en Algérie. L'espace d'un voisinage contraint en contexte colonial (1884-1957). L'espace en partage. Approche interdisciplinaire de la dimension spatiale des rapports sociaux., 2016. ⟨hal-01670927⟩
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