. Fig, cm, D21113, ©Tate Gallery, Londres) Views in harbour 1828, Tate photo Legs Turner CCXXX 62a http, p.1828

. Le-cadre-de-la-peinture-portuaire, . Et-cela-À-marseille-même-de-félix, and . Ziem, 1821-1911) et qui a passé l'essentiel de sa vie de peintre sur les bords de la Méditerranée et à Martigues, où il s'est installé très tôt Ses dessins, ses aquarelles et ses huiles du port de Marseille font preuve d'une forte filiation avec les oeuvres du peintre anglais qu'il a connues et dont il a acheté des gravures 12 Les dessins de l'activité portuaire (Marseille, voilier entrant dans le port, vers 1870-75, ou Marseille, le coin Reboul, 1851, Musée Ziem, Martigues) et les aquarelles de l'entrée du port (Marseille, entrée du port vue depuis le Pharo, vers 1845, Musée Ziem) 13 en particulier montrent un emploi du trait évocateur et des masses colorées qui rappellent et développent les oeuvres semblables de Turner, Ziem se plait dans ce port hérissé 12 S. Biass-Fabiani, « Venise », dans Félix Ziem catalogue des collections du Musée Ziem catalogue des collections du Musée Ziem, pp.1821-1911119, 1994.

. De-mats and . Incendié-de-lumière, où les couleurs brûlent comme en Afrique ; il plaque de soleil les murailles étincelantes, (...) ; il monte sur les tartanes qui vont à la pêche, 14 . Ces phrases pourraient avoir été écrites pour le séjour de Turner dans le port phocéen. Le passage de Turner à Marseille a donc été une incursion rapide dans un long voyage

. Toutefois, avec cet empilement de remparts et l'accumulation des navires dans l'étroitesse du port de calanque, a retenu toute son attention, puisqu'il a négligé tout le reste de la ville. Peut-être Turner, qui jusque-là a toujours exagéré sur ses dessins les topographies douces des pays de plaines et de plateaux, n'en éprouve plus ici la nécessité : la topographie des sierras calcaires littorales, qu'il voit pour la première fois, obéit à son crayon sans effort, sans qu'il soit besoin d'effet supplémentaire

. Ce-changement-de-décor and . Le-reconnaît-lui-même-de-façon-indirecte-dans-une-lettre-envoyée-de-rome-À-un-ami-en-angleterre, qui m'a presque mis par terre, la chaleur était si forte, particulièrement à Nismes (sic) et Avignon : et jusqu'à ce que je me plonge dans la mer à Marseille, je me sentais si faible que seul le changement de paysage (the change of scene) me permettait de continuer vers ma destination ultime » 16 Turner plonge dans la Méditerranée pour se remettre des fatigues du voyage, et se plonge esthétiquement dans une nouvelle atmosphère, celle d'un grand port méditerranéen, bruyant, encombré, ceint de tours et de murs, éclatant de soleil et de lumière Ces oeuvres marseillaises, comme d'autres de ses voyages méditerranéens par la suite, participent certainement de l'évolution de son art vers la prééminence de la lumière, de la transparence de l'air et de la couleur. La juxtaposition des croquis et des aquarelles de Marseille corrobore le jugement de E. Verhaeren : « Ce qui fait l'originalité de Turner, c'est que l'imagination et l'observation livrèrent constamment bataille dans son âme d'artiste » 17, Mieux encore, le texte de Lawrence Gowing, Turner et les images du néant Turner : peindre le rien 18 semble écrit pour ces deux images: « Les formes flottent magnifiquement sur le papier comme dans l'espace : les couleurs sont maintenues dans une vibrante tension, incandescente, comme sous l'effet des lueurs du couchant. Mais c'est le pigment, ou plutôt l'éventail du répertoire technique et son pouvoir d'évocation métaphorique (et non l'harmonieux paysage prétendument évoqué) qui sont si réels à nos yeux

R. Courtot-est-professeur-Émérite-de-géographie, Rattaché à l'UMR Telemme (Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme) de l'université de Provence-Aix-Marseille I. Il participe à l'élaboration d'un nouveau catalogue du peintre Turner par la Tate Gallery de Londres, p.25

L. Gowing, Turner : peindre le rien, p.114, 1994.