Écriture, deuil et mélancolie – Les derniers textes de Samuel Beckett, Robert Pinget et Claude Simon, Paris, - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2010

Écriture, deuil et mélancolie – Les derniers textes de Samuel Beckett, Robert Pinget et Claude Simon, Paris,

Résumé

Cette étude concerne les ouvrages postérieurs à 1980 de Beckett (Compagnie, Mal vu mal dit, Cap au pire, Soubresauts), Pinget (Monsieur Songe, les carnets Le Harnais, Charrue, Du Nerf, Taches d’encre, les romans L’Ennemi et Théo ou le Temps neuf) et Simon (Les Géorgiques, L’Acacia, Le Jardin des Plantes, Le Tramway). L’hypothèse de départ est que ces trois œuvres auraient évolué d’une écriture du deuil, postérieure à la Seconde Guerre mondiale, et dirigée vers l’objet perdu, vers une écriture de la mélancolie, à partir des années 80, centrée sur le sujet écrivant, ce dernier s’éprouvant comme perdu, dépossédé de lui-même, mais cherchant pourtant toujours à se ressaisir dans l’œuvre. La mélancolie serait donc constitutive de ce moment du XXe siècle où le sujet référentiel fait retour en littérature. Les termes « écriture », « deuil » et « mélancolie », sont définis à partir de différents domaines, de la philosophie à la médecine, de la psychanalyse à l’anthropologie, cette multiplicité d’approches favorisant les points de contact entre les trois œuvres. Sont d’abord inventoriées les modalités diverses d’une situation fondamentale : la confrontation d’un vieillard solitaire à la mort. L’acharnement à dire la mort autant que son échec est étudié dans une perspective thématique et psychanalytique. Face à la perte – d’un monde, de soi –, s’impose, malgré tout, la création : au spectral de Pinget, à la vieillesse et l’ascèse chez Beckett, à la scène de mort obscène chez Simon, répondent la survie par l’écriture, l’attente de la voix dans le silence, l’échec de la représentation de la mort. L’étude des héritages permet de comprendre les origines culturelles de cette faillite : le deuil des cultures chez Beckett et Pinget qui célèbre le naïf, l’échec des grandes idéologies chez Simon. Emerge alors une conscience mélancolique, rythmée par la souffrance (le mélancolique et l’excrément chez Simon, la douleur comme preuve de l’existence chez Beckett, le vide et la haine de soi avec Pinget), mais aussi par l’exaltation du voir, du sentir et de la création (l’acuité du mélancolique simonien, la lucidité et la folie chez Beckett, l’écriture comme ouverture des possibles chez Pinget). (I- Inventaire des pertes). Ensuite, une étude formelle et esthétique met en évidence le discours mélancolique (la voix, le ressassement), l’image mélancolique, l’inscription mémorielle dans la figure, en particulier celle du tombeau. L’écriture est ainsi abordée en termes d’énonciation (l’impossibilité de dire je, en particulier) et de figuration : l’analyse des couleurs montre qu’à l’univers mélancolique en noir et blanc de Beckett, répond le monde obscur éclairé de Pinget, ou celui, bigarré, de Simon ; la représentation est considérée comme une image mentale qui ne console pas mais plutôt effraie et en laquelle se dit l’échec de la quête pingétienne, une image-chimère suscitant la souffrance chez Beckett, une image-trace chez Simon, posée sur une absence première. C’est en termes d’affects, trace d’affection chez Beckett, souvenirs douloureux chez Pinget, mais aussi d’endurance, d’énergie créatrice, que la figure est pensée. Chez Simon, l’écriture dit, dans l’image, et le perçu et le perdu. Le motif du tombeau résume ce mouvement mélancolique d’édification autour d’un vide central. (II- Des mots et des images : du deuil du monde à l'invention des formes). Dans un dernier temps, la réflexion se déplace de la forme de l’œuvre à sa finalité. Les trois œuvres sont interrogées dans leur intention éthique, comprise comme réflexion soupçonneuse et comme inquiétude nécessaire, dans laquelle peut prendre place l’interrogation religieuse. En outre, à la solitude du sujet mélancolique confronté au néant, fait pendant un désir d’altérité et de partage de valeurs communes, pourtant improbables. S’impose alors un pathos sans fin qui permet de définir un tragique moderne spécifique à ces trois auteurs, tragique dénué de catharsis chez Beckett, révélant la culpabilité des fils et enfermant le proprement humain dans l’animalité chez Simon, marqué par l’impossibilité d’endiguer la terreur dans la forme, à la manière des moralistes, chez Pinget. (III- D'une esthétique à une éthique, les « pseudo-principes » pour une écriture endeuillée).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01791363 , version 1 (14-05-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01791363 , version 1

Citer

Cécile Yapaudjian-Labat. Écriture, deuil et mélancolie – Les derniers textes de Samuel Beckett, Robert Pinget et Claude Simon, Paris, . éd. Classiques Garnier, coll. « Études de littérature des XXe et XXIe siècles », 701 p., 2010, Didier Alexandre. ⟨hal-01791363⟩

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