« Fantômes en coulisses dans Le Jardin des Plantes : Claude Simon à la poursuite de Dostoïevski »
Résumé
Les voix de Dostoïevski et de ses personnages occupent une place à part dans Le Jardin des Plantes (1997). À travers elles en effet, vont remonter à la surface des questionnements eux-mêmes fantômes dans la mesure où ils avaient été peut-être un peu vite ou mal enterrés par Claude Simon dans ses œuvres antérieures. Ainsi vont être exhumés deux spectres : celui du sujet, d'abord, à partir duquel est posé le problème des liens entre l'écriture et la vie, le problème, également, de la place du sujet dans une écriture dialogique. Le spectre de Dieu, ensuite, ou plus justement celui de la question de l'existence de Dieu, que Simon, l' « athée convaincu », explore toutefois, accompagné par Dostoïevski, le croyant assailli par le doute. Or ce double retour (de la question du sujet, de Dieu) va aussi favoriser l'émergence d'un véritable concept qui se trouve précisément défini pour la première fois dans Le Jardin des Plantes, celui de mélancolie. Cette mélancolie s'éprouve, et c'est justement l'expérience dostoïevskienne de la mélancolie, alliant imminence de la mort et violent désir de vivre, qui joue le rôle, pour Claude Simon, de scène paradigme.