, Peut-être, en effet, fallait-il les traduire pour qu'ils « passent mieux », mais pouvait-on le faire sans trahir ?

, elle l'écrivait dans le seul langage qu'elle maîtrisait et qui était celui de ses parents et de son environnement immédiat. C'est-à-dire, un doux mélange de calabrais, de marseillais avec, tout de même, un zeste de français. Lorsque l'instituteur lui rendait sa copie, beaucoup de ses expressions étaient barrées furieusement en rouge, avec l'inscription qui lui paraissait infamante : « Pas français ! ». Ce qui était le rôle de cet instituteur, bien évidement. Mais, comment faire admettre à une gamine (une « minotte » plus exactement) que la façon dont s'exprimaient ses propres parents était honteuse et dégradante, selon les normes requises ? D'autant qu'ils se considéraient tous comme des Français, à part entière. Ils étaient nés en France, avaient de proches parents morts à la guerre, sous le drapeau français et le grand-père répétait à la moindre occasion : « Ton vrai pays c'est celui qui te nourrit ! ». Encore actuellement, quand elle évoque cet épisode de sa petite enfance, Les grands-parents de ma femme étaient des immigrés italiens de la Calabre. Ses parents et elle-même sont nés à Marseille. Lorsqu'à l'école communale de la République, elle devait rédiger une rédaction, bien évidemment

, Lors d'un examen, il devait montrer qu'il était capable d'apprendre à coiffer à un apprenti. Lorsqu'il est arrivé chez nous, en tant que parents soucieux de son avenir, nous lui avons demandé comment cela s'était passé. « Mal » nous a-t-il répondu, « je ne comprenais rien à ce qu'il me disait parce qu'il

, Mais alors, serait-ce vrai qu'il y a plusieurs parlers français mais qu'on ne peut et doit en reconnaître, officiellement, qu'un ? Dans le langage, peut-on se passer d'établir et d'imposer des règles communes et compréhensibles par tous ? Mais lesquelles ? Et qui les définit ?