L. Cependant, . Père, and M. Le, qui ne veulent pas la perdre, choisissent de la soustraire à la sunna pour recourir à la justice du roi Charles II qui commuera « miséricordieusement

, Ces sujets ont pris l'habitude d'user de leur droit à opter pour le tribunal le plus intéressant, de leur point de vue. Le roi « miséricordieux, Cette stratégie, qu'on pourrait qualifier d'opportunisme juridique, fut fréquente chez les mudéjares ainsi que l'observent Mercedes García Arenal ou José Hinojosa Montalvo 20

, Un autre cas, fréquent, est celui des conversions, par amour, de mudéjares au christianisme. Là encore, le musulman utilise sa double dépendance pour échapper au

C. Un-troisième, Aliot Aludelí, maître d'armes de Charles II est exempté du tribut royal pour service rendus et services à rendre. Mais la reine impute le montant de son impôt à la communauté laquelle l'exige, en retour, au mudéjar. Celui-ci, cherchant à préserver le privilège acquis, fait appel à son roi et obtient gain de cause. L'aljama, toutefois

, Dans ces trois exemples, les individus sont placés, de fait, en situation d'autonomie

, en « suiveurs », selon le mot de Marcel Gauchet 22 , mais d'exercer leur arbitrage propre, selon des raisons qui leur appartiennent

, Cette structure particulière confère paradoxalement à une société qui n'est pourtant qu'alternance de traditionalismes (chrétien, musulman et juif), certains traits individualistes caractéristiques des sociétés dites modernes

G. Mercedes and . Arenal, Moros y judíos, p.108

. Cf, G. Mercedes, and M. Arenal, , pp.41-42

G. Mercedes and . Arenal, Moros y judíos, p.32

G. Marcel, L. Paris, and F. Gallimard, cet affrontement entre volonté culturelle et volontés individuelles, l'individu peut devenir, alors, de fait, p.55

, Dans le premier cas, les individus échappent à l'injonction écrasante de la sunna tout en restant absolument musulmans, inventant ainsi empiriquement, une autre façon de l'être, soumettant l'autorité de leur tradition culturelle à l'histoire et à son mouvement

, L'option individuelle des conversions d'amour impliquera, quant à elle, une identification, au moins de surface, avec les normes et les valeurs chrétiennes

, de tribut aux frais de son aljama, l'individualisme qui le dispense de l'impératif de solidarité communautaire ressortit sans doute à l'égoïsme. Mais cette idéologie individualiste du mérite se développe d'autant mieux dans un contexte politique où le musulman ne peut qu

, Certes, l'acculturation de nombreuses aljamas est une réalité attestée, mais elle n'est, selon nous, ici, nullement en cause. Parler d'acculturation, dans de semblables cas, tendrait à faire de ces mudéjares « alternatifs » des sujets passifs, irresponsables, à les rendre incapables de questionner rationnellement leur loi ou leur appartenance religieuse. Car ce qui fonde ces arbitrages individuels est bien une forme de « rationalité ». La lapidation de la femme coupable d'adultère avec un chrétien s'avèrerait un châtiment extrêmement coûteux pour les trois individus concernés au plus près par l'affaire. Si aucun besoin social n'est entièrement objectif, celui-ci, en tous cas, n'a rien d'artificiel. Ne le dictent ni une quelconque perte de référence, ni une adhésion symétrique au groupe chrétien devenu alors groupe de référence. Simplement, un environnement social nouveau offre à l'individu mudéjar la possibilité rénovante d'une prise de conscience, d'une découverte de ce qui correspond à son désir, Miguel Ángel Ladero Quesada a interprété l'opportunisme juridique de ces mudéjares comme un possible effet de l'acculturation chrétienne 23

«. Parfois and . La-justice-«-chrétienne-»-À-celle-de-leurs-«-maires, Ajoutons, sur le deuxième point que, précisément, le traité de Leyes de Moros de Isa Gebir (Memorial Histórico Español, V, 1853) prône, contre le « relâchement des moeurs » des mudéjares castillans le retour à un usage intransigeant de la sunna. Ainsi, l'exigence de la lapidation y est bien rappelée comme sanction contre l'adultère. C'est donc bien face à un « bon usage, p.137

, les mudéjares ne sont jamais tous totalement contraints. C'est dans la mesure où ils parviennent à établir au sein de l'organisme chrétien des rapports d'interdépendance, à contrôler quelques « incertitudes » du pouvoir, évitant ainsi cette partie fatale à somme nulle où voudraient les entraîner d'autres groupes de pression

E. Mais and . Définitive, comment s'exerçait cette liberté, mais de comprendre que cette liberté -au sens du pouvoir de résoudre ses problèmes -constituait le déterminant majeur de leur conduite, qu'elle était au centre de leur affaire, parce qu'elle est une dynamique qui traverse en réalité toute la société. Simplement, elle prend, chez ces dominés, des allures plus paradoxales, intenses. Et leur inquiétude émancipatrice, la lutte « naturelle » qu'ils mènent contre l'inachèvement de leur condition est un trait si profond qu'il ne s'arrête pas à la préservation fidèle d'une continuité communautaire et de sa tradition mais s'ouvre à l'individu. Ces mudéjares sont bien des « êtres de transition

. Enfin, certes bien relative et inégalitaire, de la différence mudéjar, dans sa tension entre universalisme et singularité religieuse tout comme lorsqu'elle passe outre le critère hiérarchique confessionnel de caste, montre le rôle fondamental de la royauté et plus largement, de la souveraineté, dans cette affaire, faut-il sans doute réfléchir, à partir de ces quelques données, à la cohabitation plurireligieuse du Moyen Age espagnol. L'intégration sociale, p.-

M. Jonin,

P. Cité and . Guichard, Minorités religieuses dans l'Espagne médiéval, Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, p.197, 1992.

N. Cité and . Journet, Le moteur religieux des sociétés », Sciences Humaines, n°207, p.18, 2009.