« L’art ornemental d’Eugène Grasset : l’unité rêvée des arts à l’ère industrielle » - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2011

« L’art ornemental d’Eugène Grasset : l’unité rêvée des arts à l’ère industrielle »

Résumé

Bien qu’Eugène Grasset ne soit pas un théoricien de l’architecture, l’enseignement qu’il défend relève d’une longue tradition architecturale qui est celle de la « composition ornementale ». Si Ruprich-Robert avait proclamé, dans le sillage de Viollet-le-Duc, que « le premier des décorateurs, c’est l’architecte » (1862), Grasset emboîte le pas un demi-siècle plus tard en déclarant que le premier art décorateur, c’est l’architecture. Le projet des traités d’ornement du XIXe siècle, dans sa pure dimension formelle, s’éclaire sous l’angle d’une mise en ordre des rapports de volumes, de lignes, de couleurs, selon les lois organiques de la nature. Il s’agit bien de créer un nouvel ordre plastique et moral qui établisse le lien entre l’art et la production industrielle. Ce qu’il importe donc de souligner dans une analyse de la Méthode de composition ornementale de Grasset (1905), c’est que le mouvement des arts industriels du XIXe siècle dont il recueille l’héritage reste, malgré son ambition formaliste détachée de tout « contenu », d’inspiration idéaliste. Car cette loi universelle capable de réconcilier l’artiste avec son nouveau milieu mécanisé, c’est la géométrie. Cette primauté de la géométrie conduit Grasset à renier son système de la « stylisation végétale » et le lien antérieur qui l’unissait avec le rationalisme médiéval. La question de « l’Art ornemental » pour Grasset n’intéressait pas seulement l’enseignement des « arts appliqués » mais également celui des « arts plastiques ». L’analyse de ce qu’il nomme les « ornements abstraits » (points, lignes, rayures, treillis, cercle, carré, sphère, etc.) débouche ainsi sur une grammaire de l’ornement « plastique » (la forme) et une grammaire de l’ornement de « surface » (la décoration). On peut apprécier aujourd’hui pleinement l’importance de la théorie de l’ornement de Grasset puisqu’elle assure à l’intérieur du courant « gothique » du rationalisme le passage de la ligne végétale à la forme géométrique. Elle ouvre ainsi la voie à une importante transformation de la théorie ornementale et constitue un relais essentiel de l’ordre géométrique en France dans les années 1920-30.
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hal-02338141 , version 1 (29-10-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02338141 , version 1

Citer

Rossella Froissart, Hugues Fiblec. « L’art ornemental d’Eugène Grasset : l’unité rêvée des arts à l’ère industrielle ». Eugène Grasset 1845-1917. L’art et l’ornement, catalogue de l’exposition sous la direction de Catherine Lepdor, Musée cantonal des Beaux-Arts, pp.177-189, 2011. ⟨hal-02338141⟩
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