« Les collections du Musée des arts décoratifs de Paris : modèles de savoir technique ou objets d'art? »
Résumé
L’institution muséale naît avec la révolution bourgeoise : le musée est à son origine une institution fermée, consacrée à la réunion, sélection, conservation et classement en vue de la présentation d’un ensemble d’objets sauvés de la destruction et présentés de manière pédagogique aux visiteurs – dans le cas du musée d’arts décoratifs de Paris, ouvriers d’art et industriels.
Car après l’abolition des corporations 1791 une baisse de qualité dans la fabrication des objets de luxe se manifeste ; la vraie coupure avec le mode de transmission des savoir-faire, ne fait sentir ses effets sur la production que dans les années 1830, moment où les premiers projets de création d’un musée d’arts décoratifs voient le jour. Ce n’est cependant qu’une trentaine d’année plus tard que l’Union centrale réussit à réunir des collections assez encyclopédiques pouvant servir de modèles. Se pose alors la question de leur présentation : privilégier le chef-d'œuvre isolé ou laisser la place à une production plus courante, pouvant inspirer l’industrie contemporaine ? Les membres de l’Union centrale, pour la plupart grands collectionneurs et érudits à qui l'on doit la naissance d'une première historiographie des arts décoratifs, débattent longtemps. Finalement dans les années 1880 c’est la présentation de period rooms qui est préférée, sanctionnant ainsi le changement du public : la catégorie majoritaire parmi les visiteurs n’est plus la classe ouvrière, mais une bourgeoisie à la recherche de détente et de délectation.