« Des “arts décoratifs„ à un “art social„ sous la direction de l’architecte » - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2006

« Des “arts décoratifs„ à un “art social„ sous la direction de l’architecte »

Résumé

A partir de 1903 apparaît chez Roger Marx un intérêt pour les « novateurs rationalistes », à l’origine d’une conception architecturale de l’intérieur et du décor. Le « rationalisme », assimilé par Marx en 1902 à l’ « anglomanie », devient donc quelques mois plus tard une qualité cautionnant la réussite esthétique d’un bijou, la fonctionnalité parfaite d’un ameublement. Désormais ce n’est plus aux décorateurs mais aux architectes que revient, selon Marx, le rôle principal : en examinant les réalisations d’Henri Sauvage, d’Adolphe Dervaux ou de Léon Bénouville, il déclare que « l’imagination étant tarie », le besoin d’un chef – à l’occurrence un architecte - se fait sentir. Une lecture attentive des textes de Viollet-le-Duc serait-elle la cause d’un tel renversement ? Avec la prééminence nouvelle et toujours plus affirmée de l’architecture, à laquelle finissent par être subordonnées la sculpture et la peinture l’idée d’un « art social » gagne du terrain et se précise. Elle sera à l’origine de la proposition d’une exposition en 1909 et de la publication de son texte majeur, L’Art social, en 1913. A la fin de 1896 trois sculpteurs (Alexandre Charpentier, Jean Dampt, Henry Nocq), un architecte (Charles Plumet) et un peintre (Félix Aubert) forment un petit groupe qui se nomme « Les Cinq » pour exposer du mobilier, de la céramique, des tentures, des tapis et des bijoux à la Galerie des Artistes Modernes, à Paris. Cette démarche collective est assez rare dans le milieu des créateurs parisiens de la fin du XIXe siècle pour être remarquée par la presse spécialisée et pour bénéficier d'un accueil d'emblée positif. Plusieurs voix mettent en doute en effet les bienfaits de l'attitude individualiste des artistes français, que l'on rend responsable d'un étalage aux Salons annuels d'objets d'art aussi précieux qu'inutiles, ainsi que de l'incapacité à transformer profondément et dans son ensemble l'espace et le décor intérieurs. Les « Cinq » tentent de répondre à cette nouvelle exigence en proposant à une clientèle éventuelle des pièces aménagées par les divers membres du groupe, chacun exerçant ses capacités dans le domaine qui lui convient 1. Cette première des six expositions organisées à la Galerie des Artistes Modernes est remarquée par Roger Marx ; elle l'incite à se poser quelques-unes des questions qui, apparues dès les années 1894-1895, vont, lentement mais sûrement, remettre en cause au moins en partie le système que le critique s'est forgé afin d'accompagner et stimuler le renouveau des arts décoratifs en France 2. Trop attaché à l'individu créateur, Roger Marx se montre pour le moment inattentif à l'égard d'un mouvement groupé. Il se montrera en revanche plus sensible aux autres éléments novateurs introduits par les « Cinq », éléments qui constituent le fil conducteur de la réflexion du critique dans les deux décennies qui suivent. A partir de 1897, et de plus en plus après 1902, la dichotomie entre l'objet isolé et l'ensemble, la relation problématique des artistes avec l'industrie, la tension trop souvent paralysante entre tradition nationale et recherche d'un style nouveau, la place de l'architecture et le rôle de l'architecte dans le renouveau de l'intérieur, seront au centre des analyses de ce que Roger Marx avait qualifié dans la décennie 1885-1895 d'« arts décoratifs » et qui vont progressivement constituer le champ large d'un « art social » 3. Qu'en 1897 Roger Marx soit incapable de déceler la dynamique nouvelle générée par le choix même d'un mode d'action groupé, est un fait évident : le Boudoir que les « Cinq » exposent à la Société nationale cette même année n'est pas remarqué en tant qu'ensemble, quelques contributions (celle de Plumet et de Nocq) étant examinées ou reproduites de manière isolée 4. Entre 1897 et 1899 une autre réalisation-le 36 de la rue de Tocqueville-témoigne du programme commun des membres du groupe
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Citer

Rossella Froissart, Catherine Meneux. « Des “arts décoratifs„ à un “art social„ sous la direction de l’architecte ». Roger Marx, un critique aux côtés de Gallé, Monet, Rodin, Gauguin…, catalogue de l’exposition sous la direction de Catherine Méneux, Nancy, musée des Beaux-Arts et musée de l’École de Nancy, 6 mai – 28 août 2006, Ville de Nancy et éditions Artlys, pp.228-230, 2006. ⟨hal-02338326⟩
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