, Ce conflit provoque une raréfaction des arrivages et une forte hausse du prix de la soude végétale

, Napoléon 1 er protège cette nouvelle branche à travers les décrets du 13 octobre 1809 (détaxation du le sel employé dans les soudières) et du 11 juillet 1810

, Ce procédé permet de produire de la soude (aujourd'hui carbonate de sodium) en décomposant le sel marin avec de l'acide sulfurique. Cet acide est lui-même obtenu en faisant brûler un mélange de soufre et de salpêtre et en

S. De and L. France, , pp.50-58

L. Bergeron, . Banquier, E. Paris, and . Editeur, , p.306, 1974.

, Son capital social s'élève à 1,2 million de francs (120 actions de 10 000 francs), avant d'être porté à 2,4 millions en 1824. En 1819, ses principaux actionnaires sont : Bodin frères & Cie (40 actions, Elle devient la Compagnie des salines et produits chimiques du Plan d'Aren, pp.113-123

V. Ad-bdr, Lettre du maire de Saint-Mitre au préfet des, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, , vol.10

. Ad-bdr, 29 février 1814. visitent les maisons, examinent les derniers malades atteints de « fièvres quotidiennes », « tierces » ou « quartes », se rendent sur les rives de l'étang du Pourra et aboutissent aux mêmes 103 Rapport général sur les travaux du conseil de salubrité du département des, VIII S 10/1, Lettre du directeur général des Ponts et Chaussées au préfet des, pp.50-51, 1828.

. Ad-bdr, VIII S 10/1, Arrêté du 7 février 1831

. Ad-bdr and . Viii-s, maire de Saint-Mitre, 23 mars 1831, Lettre du préfet des, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, maire de Saint-Mitre, 5 juillet 1831, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, Lettre du préfet des, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, maire de Saint-Mitre, Lettre du préfet des, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, maire de Saint-Mitre, 9 septembre 1831, Lettre du préfet des, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, Lettre du préfet des, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, maire de Saint-Mitre, 16 septembre 1832, Lettre du préfet des, vol.10

. Ad-bdr, VIII S 10/1, Lettre du ministre du Commerce et des Travaux publics au préfet des Bouches-du-Rhône, 30 avril 1832. ils n'ont pu étudier le régime des eaux des étangs, ni se baser sur les dires contradictoires des intéressés

, Malgré la gravité de la situation sanitaire à Saint-Mitre, et tout en reconnaissant que « l'intérêt public doit passer avant l'intérêt privé, vol.122

«. , arrondissement veille maintenant sur ces étangs, un conducteur est chargé de tenir un journal y relatif, et de s'y rendre au moins une fois chaque mois, surtout après les journées de pluie ; ainsi, dans quelques années on pourra raisonner sur des données positives, et il convient jusque-là

, Engrenier -qui, suivant les projets, rejettera l'eau du Pourra dans le canal de vidange de Rassuen ou dans celui d'Arles à Bouc 124 ; le dessèchement partiel, en conservant au fond de l'étang une hauteur d'eau constante 125 ; la mise en eau complète, une option souhaitée par le comte de Galliffet et vivement rejetée par les villageois de Saint-Mitre qui attribuent les fièvres à la présence de l'eau, tout en souhaitant pouvoir cultiver les terres desséchées 126 . C'est finalement le projet de l'ingénieur Gabriac, légèrement retouché par le conseil général des Ponts et Chaussées, qui est retenu et adopté par le Conseil royal en janvier 1845 : l'étang du Pourra sera desséché en utilisant la galerie percée en 1777 par le marquis de Charleval ; une digue sera construite sur la rive nord de l'étang d'Engrenier pour protéger l'usine de soude, son salin et éviter les débordements dans Lavalduc ; une machine à vapeur, installée sur le rivage d'Engrenier, conduira le trop plein dans le canal de vidange de Rassuen. Sur le principe, c'est déjà ce qu'avait proposé l'ingénieur Garella en 1828 et brièvement mis en oeuvre par le marquis de Charleval en 1813 127 ? Pour éviter que les travaux ne soient retardés par d'éventuelles -et fort probablescontestations de la part des propriétaires du Pourra et d'Engrenier, l'ingénieur Gabriac propose de les exproprier moyennant une indemnité 128 . C'est aussi une façon de reconnaître que le res, Le temps des ingénieurs n'est décidemment pas celui des villageois atteints par les fièvres depuis plusieurs décennies. Concrètement, trois options techniques sont envisagées : le desséchement complet et définitif de l'étang du Pourra par une machine à vapeur -positionnée tantôt à l'entrée de la galerie Charleval, tantôt à sa sortie ou encore à l'extrémité sud de l'étang d, vol.6, p.0

, reçoit, vol.15, p.0

. Ad-bdr and . Viii-s, Rapport de l'ingénieur en chef du département de Montluisant sur le dessèchement de l'étang du Pourra, vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, Rapport de l'ingénieur en chef directeur du département sur la proposition en date du 14 juillet 1844 de l'ingénieur Gabriac de dessécher l'étang du Pourra par l, vol.10

, Une fois le dessèchement terminé, la machine à vapeur ne serait plus utilisée qu'en cas de fortes pluies. L'estimation de cette option varie entre 155 000 et 550 000 francs. Sur ces ingénieurs, cf, Projets des ingénieurs Garella (1828), Thomas (1831), 1990.

, Projet de l'ingénieur Gendarme (1844)

, Projet de l'ingénieur Duval (1831)

. Ad-bdr and . Viii-s, , vol.10

P. Concernant-le, Quant au comte de Galliffet, il sera exproprié pour « cause d'utilité publique

, Philippe Massin gère la Compagnie des salines de citis et de Badon, une société en commandite par actions de 950 000 francs

D. Le-comte, Galliffet attaque aussitôt en justice avant d'être débouté en 1848 (Annales des Ponts et Chaussées, 2 ème série, pp.235-238, 1848.

, Si l'Etat accepte d'avancer la totalité des fonds, il n'en attend pas moins une participation de la commune et du conseil général des Bouches-du-Rhône. Le 29 janvier 1845, le conseil municipal de Saint-Mitre s'engage ainsi à participer à hauteur de 15 000 francs, soit trois à quatre fois son budget annuel. La commune doit emprunter et s'endetter. Le 27 octobre 1845, elle est autorisée à contracter un emprunt de 15 000 francs auprès de la Caisse des dépôts et consignations (intérêt de 4,5 %) et « à s'imposer extraordinairement 20 centimes additionnels au principal de ses quatre contributions directes pendant 16 ans pour rembourser l'emprunt » 132, par an est commandée à un des meilleurs spécialistes de Marseille, l'industriel Philip Taylor 131, vol.1849, p.133

, Une fois la question financière réglée, les travaux suivent leur cours : en avril la digue de protection est achevée ; le 1 er août 1846 la galerie est ouverte et le dessèchement de l'étang peut enfin commencer ; fin août le dessèchement est terminé. En 1852, la commission spéciale créée trois ans auparavant par décret présidentiel pour réceptionner les travaux et étudier les diverses réclamations formulées par les opposants au dessèchement, déclare officiellement que les objections présentées par les propriétaires des étangs du Pourra, d'Engrenier et de Lavalduc, ainsi que par les propriétaires de salins alimentés par les eaux de Lavalduc, ne sont pas recevables sur le fond et que « l'opération du dessèchement de l'étang du Pourra a été réalisée d'une manière complètement satisfaisante et le but sanitaire de ce travail

, des expertises médicales qui se succèdent et se corroborent pendant plusieurs années sans que rien n'évolue, une dizaine de coups de force mobilisant une grande partie de la population villageoise pour tenter d'échapper à la misère, à la maladie et à la mort, l'envoi des gendarmes, des arrestations? Même si sur de nombreux points -identité et arguments des différents protagonistes, modalité d'expression des protestations, politisation des enjeux environnementaux etc. -les événements présentent des similitudes avec d'autres conflits du même type, le drame qui s'est joué pendant trois décennies sur le territoire de Fos/étang-de-Berre est vraisemblablement sans, des pétitions et des mémoires envoyés aux préfets successifs, aux ministres et au roi, de nombreux articles publiés dans Le Sémaphore de Marseille et la Gazette du Midi

, Son coût est de 24 000 francs « plus 8 francs par jour pour chaque ouvrier spécialisé dans le montage » (AD BdR, VIII S 10/2, Soumission pour la machine d'épuisement, pp.31-1846

O. Raveux, . Un-technicien-britannique-en-europe-méridionale-;-», E. Histoire, and . Société, , pp.253-266

. Ad-bdr and . Viii-s, , vol.10

. Ad-bdr and . Viii-s, En 1866, l'ingénieur ordinaire de l'arrondissement de Saint-Mitre annonce donc au maire du village que 200 à 300 000 francs vont être investis pour élargir le canal de vidange de Rassuen, construire une rigole de ceinture autour de l'étang du Pourra et percer une nouvelle galerie pour amener les eaux recueillies par cette rigole dans le canal de vidange de Rassuen. Aujourd'hui le Pourra est à nouveau en eau, les opérations de démoustication ayant réglé la question des fièvres, Procès-verbal de la Commission spéciale pour le dessèchement du Pourra, vol.10

F. Jarrige and T. L. Roux, la solution technique retenue en 1845 avait déjà été proposé et brièvement appliqué en 1813 par le marquis de Charleval. Il faut toutefois reconnaitre que cette affaire place l'Etat dans un cas de figure inédit, complexe et imprévu par le décret du 15 octobre 1810. Cela a donné lieu à de longs débats sur le choix de la meilleure stratégie possible, l'Etat semblant redouter par-dessus tout d'être attaqué en justice par les partisans de l'usine de soude -ses actionnaires, le comte de Galliffet, les propriétaires de salins autour de Lavalduc -et d'être condamné à verser de lourdes indemnités aux plaignants. Quoi qu'il en soit, force est de constater que l'absence de réponses adaptées et rapides aux multiples appels à l'aide des villageois, conjuguée à la gravité sanitaire de la situation et aux sentiments de marginalisation, d'abandon, d'inégalité, d'injustice et d'exaspération face à un industrialisme triomphant bénéficiant de tous les appuis politiques

, Outre le fait que la production de soude par le procédé Leblanc est, avec celle du plomb, une des activités les plus polluantes du XIX e siècle, lorsque la présence d'une usine remet à ce point en cause l'existence d'une population, elle l'exclue de fait des processus transactionnels amiables ou judiciaires habituels et ne lui laisse finalement d'autre choix que de s'inscrire dans une dynamique conflictuelle radicale. Quitte à mourir, autant que ce soit en luttant. La peur de la répression ne joue plus. C'est ce que constate le procureur du Roi en 1832 : « Les habitants de Saint-Mitre ont déjà devancé toutes les menaces de répression dont ils peuvent être l'objet, la captivité, l'infamie, l'échafaud ; tout leur parait préférable, et ils l'ont dit, à la mort hideuse qui s'élance sur eux au sein des miasmes qui moissonnent leur population » 136 . Le second élément a trait à la grille de lecture que nous utilisons habituellement pour établir l'histoire des conflits environnementaux industriels. Cet exemple montre que nos analyses ne doivent pas être uniquement conduites à travers le seul prisme des effets sanitaires et environnementaux directement provoqués par les rejets des usines et qu'il est nécessaire d'être attentif à d'autres paramètres, comme les normes et les contraintes imposées par les industriels sur l'aménagement des territoires voisins. Les nuisances générées par l'aménagement d'un territoire ne sont pas uniquement le fait d'un « processus surplombant » 137 , d'une opération d'envergure longuement mûrie, centralisée et adossée à des projets issus des grands corps techniques de l'Etat. Elles peuvent aussi être le résultat de l'action plus modeste -et non moins dévastatrice -d'un industriel qui, grâce à un rapport de force durablement favorable, réussit à imposer aux territoires voisins une forme d'organisation écosociosystémique compatible avec sa propre activité, quitte à les plonger dans le dénuement et à les placer dans une situation sanitaire funeste. D'autres affaires du même type restent peut-être à découvrir de par le monde. Le troisième et dernier élément concerne la mémoire de ces événements, Cet exemple particulier et exceptionnel, en marge du flot des protestations et des conflits liés aux nuisances industrielles du XIX e siècle, permet d'insister sur plusieurs éléments. Le premier concerne les ressorts qui ont conduit à la radicalisation de l'opposition au projet industriel de Jean-Baptiste Chaptal et Amédée Berthollet, alors que dans d'autres lieux l'industrialisation s'est implantée relativement plus facilement

. Ac-saint-mitre, , pp.9-1832

P. Fournier, ». Pour, P. Dans, and . Fournier, Geneviève Massard-Guilbaud (dir.), Aménagement et environnement. Perspectives historiques, pp.7-21, 2016.