, « La modernité est en bas » : ruralité et urbanité chez les habitants d'un gecekondu d'Ankara, European Journal of Turkish Studies, 2004.

, ne convient pas à la fabrication du boulgour, qui vient uniquement du yarma. La famille d'un informateur, fonctionnaire à Ankara, est à ce titre exemplaire : chaque année, le métayer apporte sa part de blé pour boulgour qu'elle lave, cuit, sèche, nettoie, Toutes les terres ne sont cependant pas ensemencées avec du blé russe car ce dernier, bien rentable

. Autrefois, il en fallait le double pour une famille, mais, de nos jours, avec l'introduction du riz dans le régime alimentaire citadin, 32 kg suffisent à une famille ankariote 28 . Cet informateur en distribue près de 160 kg aux akraba d'Ankara et en réserve 16 kg pour son frère d'Allemagne. Sa mère conserve enfin 96 kg de blé yarma pour faire de la soupe

, Même si la cuisine quotidienne garde la prédominance des plats bouillis (sulu yemekleri), les jeunes femmes ne savent plus traiter la matière première que constitue le blé. Aucune jeune fille née à Ankara, par exemple, ne saurait comment le nettoyer pour obtenir du boulgour. Plus généralement, des mets qui constituaient la base de la cuisine villageoise disparaissent : aucune ne saurait fabriquer du yufka, Le ravitaillement villageois se perd pourtant rapidement en raison de la perte des savoir-faire culinaires entre générations

. Retours-À-kaya, Le village n'a pas seulement un refuge et une source secondaire de revenus, vol.63

, Depuis sept ans, un étrange retour a permis la reconstruction de maisons -uniquement

, Sur la douzaine de personnes réinstallées, seulement trois n'ont pas séjourné

, et toutes bénéficient d'une belle réussite économique. Tous ceux qui ont réussi

. D'une-façon-générale, l'urbanisation entraîne une baisse de la consommation du pilav (riz et boulgour) au profit des légumes, 1971.

, « La modernité est en bas » : ruralité et urbanité chez les habitants d'un gecekondu d'Ankara, European Journal of Turkish Studies, 2004.

, certains préfèrent Antalya ou Ankara. Pourquoi donc le village lorsque l'on a le luxe de choisir ? [65] Les personnes interrogées répondent invariablement en vantant la qualité de

, pollution, l'excellence de l'alimentation, mais la sociabilité rentre aussi en ligne de compte : 'Moi, je préfère ici à Antalya. Je préfère voir ce paysage que la mer. Il faut trop chaud là-bas. Ici, il fait frais l'été. L'air est bon. On est bien ici, Et puis ici, on connaît les gens. A Antalya

T. Ne, . Le, and . Toi, Alors que là, tu vas chez les voisins, on boit, on fait des parties de okey, on fait comme ce soir ; on fait des mangal (barbecue), on regarde la télévision ensemble. Ici, on se connaît. C'est plus vivant (canl?)' nous dit un informateur qui a récemment fait construire une grande maison

, Selon un autre informateur s'ajoute la décontraction : 'Ici, je reste pendant quinze jours ou une semaine. Dès que je peux

J. , Je me décontracte complètement. Regarde ce que j'ai fait aujourd'hui : un cerf-volant ! Et tous les gens qui viennent ici en visite, quand ils repartent, ils nous disent que l'on a raison

L. Enfin,

, Certains sont partis adolescents à la fin des années 50 la fin de l'adolescence. Les migrants partis plus âgés ou plus jeunes éprouvent beaucoup moins ce besoin de retour. Le choc du départ, même s'il est désiré, correspond à l'entrée dans la vie adulte et l'éloignement du milieu familial, Les vacanciers qui retournent au village l'ont tous quitté à l'âge de quinze ou vingt ans

, A cela, s'ajoutent parfois des histoires douloureuses. L'un est orphelin de père ; l'autre est récemment sorti du coma, un dernier a perdu son frère en Allemagne et Citation : Fliche, European Journal of Turkish Studies, 2004.

, Sans qu'il soit possible d'aller plus loin, on peut poser à titre d'hypothèse que le retour au village est aussi un moyen de régler certaines tensions, ce qui n'implique nullement en retour que tous ceux qui ont traversé de graves crises le font

, Moins qu'une revanche sur la vie, nous serions plutôt devant la recherche d'un havre de paix

, Ce havre de paix peut être aussi envisagé comme une maison pour la retraite

, Pour se débarrasser d'eux' avoue l'un des principaux protagonistes de ce retour à Kaya. De nombreux jeunes Ankariotes considèrent en effet le village comme l'endroit idéal pour que la retraite de leur parent : 'Maintenant, le village c'est bien pour les gens qui sont à la retraite. Ils ne dépensent rien là-bas. Ils font des choses bien : du jardinage, par exemple. Qu'est-ce qu'ils font ici ? Ils vont au café et c'est tout ! Surtout avec la crise économique : ce serait mieux, s'ils allaient au village. Ils dépenseraient moins, certains enfants construisent des maisons pour leurs parents à la retraite

, très fréquentes en Turquie depuis les années 90, sont vues comme un signe supplémentaire de la ruralité des quartiers de gecekondu. Je soulignerai le caractère construit de cette association, fruit d'une mobilisation impulsée par quelques entrepreneurs sociaux qui cherchent à recréer, avec d'énormes difficultés, le réseau villageois (Fliche à paraître). L'un des principaux obstacles à la réanimation de ce réseau reste d'ailleurs l'inertie des mobilisés qui doutent de l'utilité et de la fonctionnalité d'une telle association. Ce réseau réinventé d'hem?ehri a donc du mal à exister

, Les mobilisateurs s'emploient à organiser des fêtes comme l'a?ure çorbas? günü (le jour de la soupe a?ure), un exemple particulièrement significatif de ces tradition réinventées qui participent à la réanimation de ce réseau de villageois, European Journal of Turkish Studies, 2004.

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