, Il y a , mon camarade, un immense espoir, pour qui est parvenu à ce point de mon propre voyage, de posséder là-bas, plus que partout ailleurs et de la façon qu'il faut, ce en vue de quoi un immense effort a été accompli par nous dans la vie écoulée ; de sorte que cette absence même, celle qui m'est à présent prescrite, s'accompagne d'un heureux espoir, et pour tout homme aussi qui estime prête sa pensée et, en quelque sorte, purifiée -Hé oui ! absolument dit Simmias. -Mais une purification, n'est-ce pas en fait, ce qui justement est de longue date contenu dans la tradition ? mettre le plus possible l'âme à part du corps et accoutumer celle-ci, étant elle-même par ellemême, à se recueillir, à se ramasser en partant de tous les points du corps, à vivre autant qu'elle peut, aussi bien dans le présent actuel que dans la suite, isolée et par elle-même, délivrée de son corps comme si pour elle c'était des liens ? -Hé oui ! absolument, dit-il, le Socrate du Phédon, pour qui la philosophie doit nous exercer à mourir, la concevait comme une purification conformément à la tradition orphique et aux inscriptions des Tablettes d'or retrouvées dans des tombes d'Italie du Sud et de Crète, vol.25

, âme et un affranchissement : Mais qu'est-ce que purifier l'âme, puisqu'elle ne saurait être souillée ? Qu'est-ce que la séparer du corps ? Purifier l'âme, c'est l'isoler, ne pas lui permettre de s'attacher aux autres choses, ni de les regarder, ni de recevoir des opinions qui lui sont étrangères, quelles que soient d'ailleurs ces opinions et ces passions, comme nous l'avons dit ; c'est, par conséquent, l'empêcher de considérer des fantômes et de produire les passions qui les accompagnent. Ainsi, purifier l'âme consiste à l'élever des choses d'ici-bas aux choses intelligibles ; c'est aussi la séparer du corps : car alors elle n'est plus assez attachée au corps pour lui être asservie, mais elle ressemble à une lumière qui n'est pas plongée dans le tourbillon

, de la purification platonicienne et plotinienne de l'âme qui veut s'affranchir des passions et des erreurs des sens : Je suppose qu'à l'époque où il enseignait un de ses disciples l'eût interrogé : Platon veut lui persuader que la vérité ne se révèle point aux yeux du corps mais à l'esprit seul ; et qu'en s'y attachant l'âme devient heureuse et parfaite, que rien n'empêche de la découvrir, comme les passions mauvaises et les fausses images des objets sensibles qui, imprimées en nous par ce monde visible, y laissent la trace de toutes les opinions et de toutes les erreurs ; qu'il faut par conséquent guérir son esprit pour saisir la forme immuable de tous les êtres, cette beauté égale, toujours la même

. Voir-léon-robin, , p.1371, 1940.

. Phédon, , vol.67, p.779

E. Plotin, . Iii, T. Ii, M. Bouillet, H. Paris et al., , vol.5, pp.136-138

, De la vraie religion, chap. 3, trad. abbé Joyeux, dans OEuvres complètes de Saint, p.548, 1864.

, de Platon à Augustin en passant par Sénèque ou Plotin 29 , pour ne mentionner que quelques grands phares qui l'éclairent de leur lumière, être méconnue de Descartes. Elle recoupe, en outre, dans un XVII e siècle dévot la tradition ascétique et méditative chrétienne de la triple voie (purgative, illuminative et unitive) dont elle correspond avec l'aveu de faiblesse à la première phase purgative 30 . Dans l'ouvrage intitulé La triple voie, guide de méditation spirituelle, Bonaventure recommande expressément au méditant de s'éloigner des réalités matérielles et charnelles afin de s'épargner toute forme de concupiscence

, En ce sens, quand bien même le bon sens serait la chose du monde la mieux partagée, la vérité n'est jamais donnée d'emblée, non seulement parce qu'elle doit être recherchée, mais aussi, et avant même que ne s'engage sa quête, parce qu'elle exige l'épreuve d'une préparation, d'un travail sur soi, d'une conversion dans l'ordre de nos occupations comme dans l'usage de notre esprit et de notre corps

Y. Morin, . Encore-thierry, and . Gontier, s'intéressant à la notion de causa sui, suggèrent que Descartes, il est vrai presque toujours silencieux sur ses sources et ses lectures, aurait connu Plotin via Ficin et Gibieuf bien qu'il ne s'y réfère pas de manière explicite ; voir Y. Morin, « Le rapport à la causa sui : de Plotin à Descartes par la médiation du débat entre Ficin et Pic », Renaissance et Réformation, vol.26, issue.2, pp.43-71, 2002.

T. Voir,

D. Gontier, Autoproduction divine et autodétermination humaine, 2005.

, Présenté comme découlant de la tradition méditative augustinienne dans G. Hatfiel, « The senses and the fleshless eye : the Meditations as cognitive exercises », dans Amélie Oksenberg-Rorty, p.47, 1986.