Nouveauté et originalité dans la pensée grecque ancienne - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Nouveauté et originalité dans la pensée grecque ancienne

Marco Donato
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1054463

Résumé

Dès les débuts de la culture grecque ancienne, la question de l’originalité et de la nouveauté dans la production – artistique, littéraire, scientifique – est fortement problématisée. L’esprit dynamique de l’attitude grecque se développe, en effet, dans une tension entre respect d’une série de règles et de modèles reçus de la tradition et introduction d’éléments innovatives, une tension qui se révèle fortement productrice. Cette approche se fait particulièrement évident dans la production littéraire, où les règles du genre sont objet d’une traction constante qui ne vise pas pourtant à les détruire. Il n’est pas surprenant de trouver des traces d’une réflexion pointue sur la question de l’originalité, de son importance et de ses limites. Les Grecs possédaient en fait deux mots différents pour dire « nouveau », à savoir neos (νέος) et kainos (καινός). Neos, faisant référence à un contexte pour ainsi-dire « biologique » et « organique » – neos est le « jeune », qui doit devenir adulte – est en général connoté de façon positive : à ce qui est dit neos on reconnaît un avenir, la possibilité d’un développement ultérieur qui fait partie de la physis. Ce qui est désigné de kainos, au contraire, constitue une rupture complète avec le passé, et porte en soi la notion d’« inattendu » (voir aussi les différents composés kainopoieo, kainotomeo / kainotomia et le nom de qualité kainotēs : cf. DELG s.v. καινός) : l’évaluation de ce qui est kainos est bien plus difficile, car cela représente souvent la coupure avec l’ordre naturel, l’insertion de quelque chose de difforme qui pourrait ne pas se montrer productif ou consistent . D’ici par exemple le jeu ‘étymologique’ – facilité par l’homophonie de ai et e dans la prononciation tardive – entre kainos et kenos (κενός), « vide », qu’on repère chez Plotin (Enn. II 9 [33] 6, 5 et 6, 11). Ma contribution se propose de partir du plan lexical, afin de fournir une esquisse d’encadrement général de la réflexion ancienne sur les différents aspects de la nouveauté, en problématisant ultérieurement les approches de la critique moderne, qui a voulu reconnaître dans le monde ancien soit une tendance à rejeter totalement le nouveau , soit a voulu souligner avec trop d’insistance une attitude positive vers le changement e l’innovation . Puis, je me propose de porter l’attention sur une série d’exemples, en tenant compte de l’arrière-plan social, culturel et chronologique des textes abordés : bien qu’on puisse déterminer une tendance commune, on remarque que la critique à la kainotēs devient progressivement plus évidente au moment du crépuscule de la culture hellénique « païenne », face à la nouvelle menace constituée par le christianisme.

Domaines

Philosophie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02460013 , version 1 (29-01-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02460013 , version 1

Citer

Marco Donato. Nouveauté et originalité dans la pensée grecque ancienne. Matinée "Philosophie et entreprise – Créativité, innovation et travail", Institut d'Histoire de la Philosophie; Christine Noël Lemaitre, Nov 2019, Aix-en-Provence, France. ⟨hal-02460013⟩

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