, Voglio vedere chi ha il coraggio di lanciare merda contro Gesù Cristo, che tengo nelle mani ! » All'istante si sente una voce tremenda scendere dai tetti : « Se Gesù Cristo resiste in mezzo a tanti stronzi, resisterà anche con tutta la nostra merda ! » BUACC ! Cade merda a tempesta da ogni parte, tanto da oscurare il cielo ! Un uragano di merda ! Come se fosse il diluvio finale ! 51

, Le déluge fécal comme châtiment divin

F. De-même and . Di-dio, Prendre à la lettre le conseil humiliant que lui a donné le Pape (aller prêcher aux cochons, les embrasser, faire des cabrioles « nel piscio dei porci, nello smerdazzo » 53 ), puis revenir tout souillé empuantir le palais et éclabousser le pontife et sa cour, c'est relever un défi et remporter une victoire : mis en garde par le cardinal Colonna, le Pape fait amende honorable et embrasse un Francesco « tutto immerdato » : « Perdonami, Francesco? ho meritato 'sto ribaltone : ho tentato di smerdarti e sono rimasto smerdato ! » 54 . Les deux cas ci-dessus sont une forme de défense : user d'armes topographiquement basses et physiquement inoffensives dont le pouvoir est moralement rabaissant. Mais la thématique excrémentielle a aussi, chez Dario Fo et son épouse, une valeur revendicative, par exemple dans la dénonciation de l'inhumanité du travail qui, au nom de la productivité, avec sa bénédiction du principe matériel et corporel, avec ses rabaissements et profanations spécifiques, peut être qualifiée (non sans une certaine exagération) de catholicisme carnavalisé, vol.52, p.71, 2006.

. Ibid, , p.77

M. Bakhtine, L'auteur reproduit en la commentant une analyse de K, p.66

L. Santo and J. , , p.934

. Mistero-buffo, , p.322

!. .. Non-si-paga, , p.648

. Tutta-casa?, Dans la chanson qui suit le monologue Il risveglio, la protagoniste dit avoir fait un beau rêve, et, parmi les éléments du monde enchanteur de ce rêve : « Senza neanche domandare sono andata / perfino in gabinetto / e seduta comoda ho perfino letto / un gran giornale, p.985

, Dario Fo, Hellequin-Harlekin Arlekin-Arlecchino, p.77, 2006.

, Et quelques répliques après : « sei uno stronzo truccato da teschio fatto con il calco di una scorreggia !, p.81

M. Bakhtine, , p.338

C. Hellequin-harlekin?, , p.81

, Innocent III à Rome ? Mais dans l'oeuvre de Dario Fo, comme on sait, agressions ou accusations ne concernent pas seulement la classe dirigeante, elles atteignent aussi la masse dirigée, la population tout entière, accusée de passivité, de complicité. Néanmoins, même si parfois l'auteur se laisse aller à un vocabulaire scatologique agressif vis-à-vis du public, comme par exemple dans le célèbre finale de Morte accidentale -« Siamo nello sterco fino al collo, è vero? ed è proprio per questo che camminiamo a testa alta ! » 63 -ou dans L'anomalo bicefalo où le public de la télévision est qualifié de « stercorario » -REGISTA-SILVIO : [?] hai in mente quell'insetto, una specie di cammeo, che vive nel deserto e si ciba solo di escrementi ? ANASTASIA-VERONICA : Come no ? Lo stercorario ! REGISTA-SILVIO : Appunto. Allo stercorario, per vederlo felice, non puoi dargli che merda ! 64 -plus souvent, c'est un registre modéré qui est employé, comme en témoigne le mot « coglione », utilisé avec une fréquence étonnante, insulte affectueuse réitérée « a tormentone », adoucie par la proximité du terme « rompicoglioni » sur lequel Fo aime effectuer des variations humoristiques 65 . D'après Bakhtine, l'image grotesque du corps est à la base des grossièretés, imprécations, jurons dont l'importance est exceptionnelle dans le réalisme grotesque, qui étaient des « formules dynamiques de vérité franchement exprimée » et avaient un rôle positif, régénérateur 66 , alors qu'aujourd'hui, poursuit-il, il reste peu de ce sens ambivalent d'autrefois. Le critique russe procède dans son ouvrage à l'analyse d'un passage de Rabelais où Panurge invoque frère Jean dans une sorte de prière à l'intérieur de laquelle le terme "couillon" apparaît cent cinquante-trois fois, accompagné d'une épithète affectueuse, puis où frère Jean répond de la même manière, accompagnant le terme de cent cinquante épithètes dépréciantes. Car le mot "couillon, N'y a-t-il pas, sinon création d'un monde nouveau, du moins franchissement d'une étape positive quand la « puzza

. Le-giullare-de-mistero-buffo, appelle ironiquement « coglioni » les vilains qui travaillent comme des esclaves pour des propriétaires terriens 68 ; les Indios disent à Johan Padan qu'ils sont « selvaggi ma non coglioni ! » 69 ; le loup de Gubbio tire de sa déconvenue (le non respect qu'ont pour lui les habitants de la ville) la moralité que « se tu [?] non mordi, [?] non fai terrore? nessuno ti rispetta : ti prendono per un coglione e ti pisciano addosso ! » 70

. Morte-accidentale?, , p.611

L. , , p.43

, « Gesù perdona se vengo qui a stuzzicarti i coglioni? Lo so bene che non è buona creanza venire a grattare i beati cojómbari [coglioni] a uno che ha già delle sue rogne sulla croce?, p.414

M. Bakhtine, , p.37

, Mistero buffo, cit, p.230

J. Padan?, , p.822

L. Santo and J. , , p.914

, Mais la comédie où le terme apparaît sous les diverses facettes de sa signification est sans conteste Non si paga ! Non si paga ! Le « coglione » y joue un rôle central puisque toute la comédie est axée sur l'évolution du personnage de Giovanni, lequel doit servir de contremodèle puis, tout à la fin, de modèle au public. Giovanni, ouvrier d'une cinquantaine d'années, responsable syndical de son secteur à la Fiat, est caricaturalement présenté au début du spectacle par son épouse comme une sorte de moine communiste, tellement obsédé par le devoir d'absolue et exemplaire intégrité de la classe ouvrière qu'il s'enferme dans l'armoirecellule qu'il s'est aménagée chaque fois que sa femme ose s'écarter d'un pas des principes d'honnêteté sans reproche qu'il s'enorgueillit de suivre. D'où, de la part d'Antonia, une image caricaturale du personnage (scène d'exposition), puis un premier qualificatif de « coglioncione » quand il prétend avoir plus d'expérience que son ami Luigi, bien plus jeune que lui 72 . Le deuxième acte est tout centré sur la dérision de Giovanni qui, dès le début, est traité de « coglione » par l'agent de police chargé de surveiller les camions renversés sur la chaussée -« l'indignazione è proprio l'arma più terribile del coglione » -des camions chargés de marchandises de contrebande, l'agent le sait mais n'est pas censé le savoir, alors que Giovanni ne veut pas le savoir car? « sono un coglione? ho capito ! » s'écrie-t-il devançant son interlocuteur. Puis c'est Luigi qui le traite de la sorte (« Ma sei proprio un coglione ! ») 73 , si bien que quand Luigi lui suggère de voler quelques sacs de nourriture, il se récrie : GIOVANNI : Ecco, e allora, siccome siamo i un paese di ladri, mettiamoci a rubare anche noi : « Alè ! il più furbo è quello che arraffa di più !, toutes les manoeuvres illégales qu'il a pu opérer sans entrave, il s'exclame, effaré et railleur : « E ci sono ancora dei coglioncioni? Milioni di coglioncioni che continuano a votare per me ! » 71

, Il faut que Luigi finisse par lui confier que la Fiat va les mettre en « cassa integrazione » et les licencier deux mois plus tard parce qu'elle délocalise les usines, pour que Giovanni se réveille : « Arriva il momento che anche i coglioni si svegliano ! », admet-il 75 . Tout à la fin, quand, assistant à l'expulsion des habitants du quartier qui depuis plusieurs mois ne peuvent plus payer leur loyer, il se fait encore traiter de « coglione » par son épouse -et qu'il s'écrie comiquement : « Oh ! Finalmente ! Ero in pensiero ! Da mezz'ora non me lo diceva più nessuno ! » -c'est lui qui adresse au public le message global de la pièce, à savoir que si les ouvriers

, Conclusion Notre parcours dans le théâtre de Dario Fo et Franca Rame a mis en évidence, à compter de Mistero buffo, la présence constante et forte d'un langage "bas" relevant de la culture populaire telle que la décrit Bakhtine. La lecture attentive, de la part de Fo, de 71 L'anomalo bicefalo, p.31

!. .. Non-si-paga, , p.639

. Ibid, , pp.660-661

. Ibid, , p.662

. Ibid, Un avertissement final qui n'est pas sans rappeler celui, lancé au public "borghese, pp.687-689