. La-poésie-de-julien and . Blaine, Elle minore la force du poète, du moins dans sa velléité de soumettre le monde au sens. Elle l'entraîne dans un autre rapport à la langue et instaure d'autres rapports à la signification. D'ailleurs, lorsque le poète réapparaît à travers son action, c'est sous un aspect inédit. C'est sous la forme d'un animal, et encore, d'un animal mythique. Sous l'aspect d'un poète qui, pris dans le devenir-animal, anomal, de la poésie, et plutôt que dans son désordre bestial, n'accorde plus que très peu d'importance aux signes linguistiques et scripturaux qui subsument la réalité en un objet littéraire. La poésie-action ramène ainsi la poésie à sa qualité animale, à tel point que l'oeuvre de Julien Blaine se présente sous les traits d'un bestiaire, d'un traité consacré à la description d'un corps poétique fait de propriétés matérielles et immatérielles empruntées à quelques animaux légendaires ou originaires : tout droit venus de l'Aurignacien supérieur, Minotaure à tête d'ânes, homme-éléphants, etc. La poésie-action réalise alors en actes le programme Dada qui place bord à bord la poésie et la vie. Ainsi, Julien Blaine porte la poésie à sa limite, conduit la lecture et l'écriture au bout de la raison poétique. Comment, dès lors, pour le poète, habiter un monde, le monde, ce monde, comme un autre, hors de lui-même, comme s'il était autre ? À défaut de réponses toutes faites, Julien Blaine expérimente toujours et encore lignes de fuites spirituelles et mythologiques 11 . Sa poésie n'a de cesse de s'imposer comme une action de résistance -et non pas comme un contrordre qui ferait que la poésie versifiée ou en prose et la poésie-action s'excluent l'une l'autre -qui montre avec humour toute la suprématie du langage ; toute la force avec laquelle l'ordre littéraire dresse tout à la fois la poésie et le poète, Rendre la poésie à ses forces et ses vitesses -la rendre à la vie -ne procède pas seulement d'un démontage hédoniste qui en appelle au désordre ? pour le désordre