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Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Guerre

Résumé

«Ils forgeront leurs glaives en socs et leurs lances en serpes. On ne lèvera pas le glaive nation contre nation et on n’apprendra plus la guerre" (Isaïe,2, 4)«Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu»(Matthieu, V, 9)Les sources scripturaires retentissent du fracas des batailles. Honteuse et signe du péché quand elle est le fait des passions humaines, la guerre devient sainte quand le peuple d’Israël la mène,assisté parla toute-puissance de Yahvé, Dieu des armées(Jos, X, 25). Cette conception de la guerre «sainte», s’oppose très frontalement au message évangélique de Jésus Christ dans son Sermon sur la montagne. Cependant il ne semble pas que l’on puisse trouver chez les Pères de l’Eglise une seule condamnation absolue de la guerre, alors que saint Augustin théorise et considère même la guerre comme une épreuve à endurer dont Dieu préside la durée (De Civitate Dei, V, 22).En quelque sorte la guerre est une réalité humaine incontournable, signe de la faute originelle,qu’un chrétien ne doit pas provoquer et dans laquelle il doit se conduire le plus moralement possible,jusqu’à ce que cette réalité disparaisse dans un monde devenu complètement chrétien. Les théologiens de la période scolastique ont permis d’enraciner une doctrine catholique du «droit de la guerre»(jus ad bellum), d’élaborer une codification morale de son usage (jus in bello), et de légitimer à la fois le métier militaire, l’entretien des armées et la fabrication des armes. Avec Grotius cette tradition a été sécularisée et a fourni les racines du droit international. Cependant cette dite tradition a été fortement ébranlée par l’apparition de la guerre totale au XXème siècle. La doctrine catholique,qui bannit alors toute référence à la guerre sainte, a très profondément sérié la conception de la guerre légitime(ou juste)et conditionné très fortement la guerre préventive. Elle considère tout autre usage et visage de la guerre comme un «carnage horrible» (Benoît XV, Pacem Dei munus, 1920), une «abomination»(Pie XII, Mirabile Illud, 1950), particulièrement la guerre d’agression,«crime contre l’humanité et crime contre Dieu»(Gaudium et Spes, 80, § 4, Catéchisme de l’Eglise catholique, § 2314).A l’enseignement de la guerre juste a été substitué par les papes du XXème siècle un enseignement sur les causes morales et économiques de la guerre –haine, lutte de classes, cupidité, abus d’autorité pour Benoît XV, agnosticisme et cynisme, déification de l’Etat, nationalisme outrancier, égoïsme collectif et individuel, mépris de la justice pour Pie XII. Et à ces causes, ils ont opposé la force morale du droit, l’appel à la construction d’institutions internationales de médiation et de contrainte pour éviter les conflits et le rappel constant de l’ordre sociétal juste.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02883500 , version 1 (29-06-2020)

Identifiants

Citer

Blandine Chelini-Pont. Guerre. Le Monde du catholicisme, 73 (1), Éditions CERF, 2017, 978-2221107102. ⟨10.7202/1041640⟩. ⟨hal-02883500⟩

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