La scolarisation, moyen de lutte contre la pauvreté ? Logiques d'experts et logiques paysannes gourmantchées au Burkina-Faso - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs Année : 2007

Schooling, means of fight against poverty? Logics of experts and gourmantchées country logics in Burkina-Faso

La scolarisation, moyen de lutte contre la pauvreté ? Logiques d'experts et logiques paysannes gourmantchées au Burkina-Faso

Résumé

Burkina Faso, under structural adjustment for several decades, has been made the echo of the speeches of the World Bank concerning the fight against poverty. In spite of a rhetorical integration of multidimensional designs of poverty and of the question of inequalities, these speeches remain primarily founded on an economicist approach of the world. In this context, the educational policies, presented like centers major fight against poverty, are based on the theory of the “human capital” for which the individual, central actor, is supposed to be free, rational and calculator. In spite of “participative” consultations seeking a democratic legitimation, these designs are opposed to those of the “recipients”. According to certain Gourmantchés of Gnagna for example, schooling is perceived like a factor of impoverishment and by others like a possibility of enrichment. Moreover, poverty is seen like a total and multidimensional state which the person can enter and of which it can leave according to her relationship with the group, which remains the dominant entity. Schooling then represents a rather collective opportunity that individual, of which the very diversified uses obey complex rules of security and of redistribution.
Le développement de l'usage de la notion de pauvreté et son évolution sémantique au sein des organisations internationales ont créé en quelques décennies un discours dominant, présentant la politique de scolarisation et d'alphabétisation actuelle 2 comme un dispositif sans faille de lutte contre la pauvreté. Nous voudrions montrer ici-à propos d'une zone rurale du Burkina-Faso, mais l'analyse dans ses grandes lignes pourrait être reprise ailleurs-les ambiguïtés cette position, pourtant peu remise en cause par ces organisations. Dans un premier temps, nous examinerons les discours sur la scolarisation comme lutte contre la pauvreté développés par l'État burkinabè sous l'influence de politiques néolibérales internationales. Puis nous verrons comment, dans des provinces marginalisées comme celle de la Gnagna, la scolarisation peut être conçue tout autrement : comme source de richesse ou bien de pauvreté. Nous interrogerons ensuite les représentations de la pauvreté des Gourmantchés dans la Gnagna. Ceci permettra de comprendre en quoi, dans une telle logique sociale, la scolarisation y est avant tout considérée comme un enjeu collectif plutôt qu'individuel. Les divergences de conceptions de la scolarisation et les présupposés sociétaux qu'elles recouvrent sont mis en lumière ainsi l'échec de l'approche libérale dominante à appliquer un modèle qui stipule l'acteur économique individuel, rationnel et maximisant son profit économique. L'article s'appuie sur la littérature scientifique relative au thème traité, sur l'analyse des textes officiels ainsi que sur des données recueillies au cours d'un travail de terrain auprès de familles et de personnes ressources (contes, entretiens qualitatifs, biographies). La scolarisation comme lutte contre la pauvreté : le consensus burkinabè L'État burkinabé relaye le discours des organisations internationales dans le domaine de la libéralisation économique ; et sous l'influence de la Banque mondiale, les politiques burkinabè de lutte contre la pauvreté constituent un socle sur lequel sont fondés les politiques éducatives désormais régies par des normes libérales. En septembre 2001, une mission du Fonds monétaire international (FMI) a qualifié le Burkina Faso « d'excellent élève » et, en janvier 2002, le pays a été invité à présenter son expérience de « lutte contre la pauvreté » devant une conférence réunie à Washington par la Banque mondiale et le FMI (Compaoré : 2004 : 2). Ces bailleurs de fonds ont une place importante dans l'aide publique au développement qui représente au Burkina Faso 80% des programmes d'investissement publiques (MED 2003 : 1). Le Ministère reconnaît une augmentation de la pauvreté depuis les dix dernières années : « Les niveaux enregistrés par l'économie burkinabè n'ont pas été suffisants pour faire reculer la pauvreté, qui ne fait 1 Docteur en sociologie, chercheuse associée à l'IRD. 2 Depuis les années 1990, la politique de l'Éducation pour tous (EPT) régit les grandes orientations éducatives au niveau international dans les pays « en voie de développement ».
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hal-02895479 , version 1 (09-07-2020)

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Sophie Lewandowski. La scolarisation, moyen de lutte contre la pauvreté ? Logiques d'experts et logiques paysannes gourmantchées au Burkina-Faso. Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, 2007, Savoirs et expériences., (6), pp.301-321. ⟨hal-02895479⟩
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