Sur les routes de Kigali : évolution des pratiques de petite corruption
Abstract
La lutte contre la corruption a eu pour effet d’accentuer la privatisation informelle de la gestion du secteur du transport au Rwanda au profit de coopératives qui ont remplacé la police routière dans les opérations de contrôle. Cette imbrication du formel et de l’informel facilite le détournement des règles relatives à l’ordre sur la voie publique et l’instrumentalisation de l’autorité de l’État. La corruption est ainsi facilitée par un manque de contrôle des agents de sécurité, de multiples rapports de domination à l’encontre des taxis-motos et les jeux de pouvoir au sein des coopératives, et entre celles-ci et les agents de police. Le contexte autoritaire du Rwanda mène finalement à une application partiale des règles, sans que cette partialité puisse être contestée puisqu’elle fait partie des rapports de force existants. Si le contraste entre l’image du Rwanda et la réalité empirique est saisissant, ce fonctionnement offre de nombreuses similitudes avec d’autres pays africains, questionnant l’idée d’un exceptionnalisme rwandais.