Théologie politique - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2005

Théologie politique

Résumé

«Toute communauté humaine a besoin d’une autorité qui la régisse (cf. Léon XIII, enc. "Immortale Dei"; enc. "Diuturnum illud"). Celle-ci trouve son fondement dans la nature humaine. Elle est nécessaire à l’unité de la Cité. Son rôle consiste à assurer autant que possible le bien commun de la société» Catéchisme de l’Eglise catholique, § 1898.L’article 1899 du Catéchisme contemporain stipule:«L’autorité exigée par l’ordre moral émane de Dieu: "Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par lui. Ainsi, celui qui s’oppose à l’autorité se rebelle contre l’ordre voulu par Dieu, et les rebelles attireront la condamnation sur eux-mêmes" (Rm 13, 1-2; cf. 1 P 2, 13-17)».L’affirmation pauliniennepréside àla réflexion que le Magistère catholique construit autour de l’autorité, notamment politique. Les changements intervenus dans le sillage de la Révolution ne modifient pas ce fondement.Il est réinterprétédésormais pour limiter 1. Toute prétentionà l’omnipotencedupouvoir 2. Toute prétentiondu pouvoir à empiétersurla sociétécivile. Le Magistère maintient son «droit de regard» sur l’ordre politiqueet entend énoncer les critères «vrais» du bon pouvoirau service de la société,définie par le Catéchisme comme «un ensemble de personnes liées de façon organique par un principe d’unité qui dépasse chacune d’elles». L’article 1904 de ce mêmeCatéchismedéfinit ainsile bon «Etat» commel’Etat de droitdans laquelle la souveraineté appartient à la loi etnon à la volonté arbitraire des hommes(ordre constitutionnel). Mais tout pouvoir, selon ce même article, doit être équilibré par d’autres pouvoirs et par d’autres compétencesintermédiairesqui le maintiennent dans de justes limites (séparation des pouvoirs). L'encyclique Centesimus annusrenferme un jugement explicite et structuré sur la démocratie: «L'Église apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation descitoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun».Cependant cette démocratie doit se développer dans le respect dela société civile, dont le primat sur l’Etat est ontologique et qui existe indépendamment de lui. L’autorité ne s’exerce légitimement que si elle recherche le bien commun du groupe considéré et que si, pour l’atteindre, elle emploie les moyens moralement licites. L’autorité publique est tenue de respecter les droits fondamentauxet inaliénablesde la personne humaine(§ 2254).Elle est un moyen, dépourvu de finalité propre au service de l’épanouissement de la personne, dans ses dimensions personnelles maisaussi collectives. S’il arrive aux dirigeants d’édicter des lois injustes ou de prendre des mesures contraires à l’épanouissement de la personne, ces dispositions ne sauraientobliger les consciences (§ 2242). En pareil cas, l’autorité cesse d’être elle-même et dégénère en oppression.Deux idées fortes et presque contradictoiressont à retenir dans cette conception: 1. les immenses obligationsde l’Etat qui doit assurer les conditions de la «prospérité des foyers» (§ 2211)et tous les justes moyenspourpermettre la réalisation du bien commun(devoir d’intervention). 2. La préexistence de la société civile et detouslescorps intermédiaires qui l’articulent naturellement.Ces corps sont donc capables de prendre en charge, en lieu, place ou co-responsabiliténombre d’aspectsessentiels et diffus de ce même bien commun (principe de subsidiarité, § 1883).L’article 3 B du Traité de Maastricht sur l’Union Européenne a introduit ce principe de subsidiarité, issu de la doctrine sociale de l’Eglise,dans la législation communautaire, au nom de la démocratie participative.
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Dates et versions

hal-03244948 , version 1 (01-06-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03244948 , version 1

Citer

Blandine Chelini-Pont. Théologie politique. Conseil Pontifical Justice et Paix. Catéchisme de l’Eglise catholique, Troisième Partie, Chapitre II: La Communauté humaine.Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, Libraire Editrice Vaticane, 2005. ⟨hal-03244948⟩
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