« “Ha Ha lets laffe at this lye” ». Émotion de lecture et note marginale dans l’exemplaire BnF Res. Ye 851 des Loups ravissants ou Doctrinal moral de Robert Gobin (éd. Antoine Vérard, 1503) »
Abstract
lets laffe at this lye ». Émotion de lecture et note marginale dans l'exemplaire BnF Res. Ye 851 des Loups ravissans ou Doctrinal moral (Antoine Vérard, 1503) Sébastien Douchet Aix-Marseille Université-CIELAM-EA 4235 Chercheur associé du CELLAM-Université Rennes 2-EA 3206 En 1503 sortait des presses d'Antoine Vérard l'un de ces nombreux traités de morale qui furent imprimés à destination des laïcs à la fin du Moyen Âge : Les Loups ravissants ou Doctrinal moral 1. Il s'agit d'un long prosimètre allégorique de près de 800 pages qui vise à enseigner « comment eviter vice et mal 2 », composé par Robert Gobin, prêtre, avocat ecclésiastique et doyen de chrétienté de Lagny-sur-Marne 3. L'Acteur de ce récit rêve que, le 1 er janvier 1505, voulant « resjouir [s]on humanité 4 », il part se promener plutôt que de rester oisif devant son âtre. Dans un champ, il avise une meute de loups menée par Archilupus, loup anthropomorphe vêtu d'une chasuble de peaux de brebis égorgées, figure diabolique. Assis en chaire, il enseigne à ses louveteaux, les lupilli, « tout mal et iniquité 5 ». Non loin, une pastourelle, Sainte Doctrine, file la soie et exhorte ses moutons à la vertu. Le Doctrinal moral alterne discours en prose de Sainte Doctrine et discours en vers d'Archilupus. Il ne reste que sept exemplaires de cette édition 6. Trois sont conservés à la BnF et l'un d'entre eux, le Res. Ye 851, a été annoté par un lecteur écrivant en anglais, dont l'identité est inconnue. Son écriture, ses graphies, sa morphologie et son lexique permettent d'estimer qu'il a vécu dans la première moitié du XVII e siècle 7. Il a laissé dans les marges de cet exemplaire près de 90 notes écrites