« L’Occident se regardant au miroir musulman : le Viaje de Turquía (1557-1558) » - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

"The Occident looking at itself in the Muslim mirror: the Viaje de Turquía (1557-1558)",

"Occidente frente al espejo musulmán: el Viaje de Turquía (1557-1558)",

« L’Occident se regardant au miroir musulman : le Viaje de Turquía (1557-1558) »

Résumé

We propose to examine here a particularly original text, a UFO in Spanish literature, the Viaje de Turquía, written between 1577 and 1558, which has remained in anonymous manuscript form. The text is presented as a dialogue between three characters whose names are clearly fictitious (Pedro de Urdemalas, Matalascallando and Juan de Voto a Dios), in which Pedro de Urdemalas recounts his stay with the Turks, first as a captive and then as a doctor. At first glance, therefore, the text appears to be a faithful description of the customs of the Turks with the intention of being informative. The anonymous nature of the text can be explained for several reasons, the main one being that the author is a spokesman for Erasmist ideas which, at the time, appeared dangerously close to Protestantism. In it, the anonymous author expresses, in no uncertain terms, a criticism of Christian society and, even more so, a criticism of Christian religious practice, with the aim of reform, denouncing, among other things, the corruption and ignorance of the clergy, the proliferation of superstitions, the cult of images, the emptiness of rites and ceremonies that cannot make up for the crying lack of a sincere and true faith. What is most interesting is that this criticism of the Christian West is made through a constant comparison with the Turks and their own practice of Islam. Through a game of comparisons and paradoxical inversions that will focus much of our attention, the anonymous author comes to demonstrate that Muslims are more charitable, more generous, more practising than Christians and that, finally, Muslims behave more faithfully to the precepts of the Gospel than Christians themselves: in a word, Turkish Muslims are more authentically Christian than Christians themselves. Finally, this text shows the faithful practice of the faith among Turkish Muslims, the strict observance of the precepts of Islam (what we would be tempted to call now 'fundamentalism') as a model element, from which a Christian West, wallowing in materialism, corruption, hypocrisy and pretense, should draw inspiration. The purpose of the text is, of course, to reform the Christian world: it is to reform Christianity towards more interiority, authenticity and respect for the precepts of the Gospel. But what interests us here is that this desire for reform is achieved by looking at Muslim otherness: far from being a repellent, the Muslim Other becomes a an example that enables us, as Westerners, to improve ourselves and to improve, paradoxically, our own Christian faith.
Nos proponemos examinar aquí un texto particularmente original, un OVNI de la literatura española, el Viaje de Turquía, escrito entre 1577 y 1558, que ha permanecido en forma de manuscrito anónimo. El texto se presenta como un diálogo entre tres personajes cuyos nombres son claramente ficticios (Pedro de Urdemalas, Matalascallando y Juan de Voto a Dios), en el que Pedro de Urdemalas relata su estancia con los turcos, primero como cautivo y luego como médico. A primera vista, por tanto, el texto parece una descripción fiel de las costumbres de los turcos con la intención de ser informativo. El carácter anónimo del texto puede explicarse por varias razones, la principal de las cuales es que el autor es un portavoz de las ideas erasmistas que, en aquella época, parecían peligrosamente cercanas al protestantismo. En él, el autor anónimo expresa, sin ambages, una crítica a la sociedad cristiana y, más aún, una crítica a la práctica religiosa cristiana, con ánimo de reforma, denunciando, entre otras cosas, la corrupción e ignorancia del clero, la proliferación de supersticiones, el culto a las imágenes, la vacuidad de ritos y ceremonias que no pueden suplir la clamorosa falta de una fe sincera y verdadera. Lo más interesante es que esta crítica al Occidente cristiano se hace a través de una constante comparación con los turcos y su propia práctica del Islam. A través de un juego de comparaciones e inversiones paradójicas que centrarán gran parte de nuestra atención, el autor anónimo llega a demostrar que los musulmanes son más caritativos, más generosos, más practicantes que los cristianos y que, finalmente, los musulmanes se comportan más fielmente a los preceptos del Evangelio que los propios cristianos: en una palabra, los musulmanes turcos son más auténticamente cristianos que los propios cristianos. Por último, este texto muestra la fiel práctica de la fe entre los musulmanes turcos, la estricta observancia de los preceptos del Islam (lo que ahora estaríamos tentados de llamar "fundamentalismo") como un elemento modélico, en el que un Occidente cristiano, revolcado en el materialismo, la corrupción, la hipocresía y la pretensión, debería inspirarse. El propósito del texto es, por supuesto, reformar el mundo cristiano: es reformar el cristianismo hacia más interioridad, autenticidad y respeto por los preceptos del Evangelio. Pero lo que nos interesa aquí es que este deseo de reforma se consigue mirando a la alteridad musulmana: lejos de ser un elemento que suscita el rechazo, el Otro musulmán se convierte en una palanca y un ejemplo que nos permite, como occidentales, superarnos y mejorar, paradójicamente, nuestra propia fe cristiana.
Nous proposons de nous pencher ici sur un texte particulièrement original, un ovni de la littérature espagnole, le Viaje de Turquía rédigé entre 1577 et 1558, qui est resté à l’état de manuscrit anonyme. Le texte se présente comme un dialogue entre trois personnages dont le nom est, très clairement un nom fictif (Pedro de Urdemalas, Matalascallando et Juan de Voto a Dios), dans lequel Pedro de Urdemalas raconte son séjour chez les Turcs, d’abord comme captif puis comme médecin. Le texte se présente donc, de prime abord, comme une fidèle description des coutumes des Turcs dans un but qui se prétend informatif. Le caractère anonyme du texte s’explique pour plusieurs raisons, la principale étant que l’auteur se fait le porte-parole des idées érasmistes qui, à l’époque, apparaissaient dangereusement proches du protestantisme. L’auteur anonyme y exprime, sans détours, une critique de la société chrétienne et, encore plus, une critique de la pratique religieuse chrétienne, dans un but de réforme, dénonçant, entre autres, la corruption et l’ignorance du clergé, la prolifération des superstitions, le culte des images, la vacuité des rites et des cérémonies qui ne sauraient combler le manque criant d’une foi sincère et véritable. Le plus intéressant est que cette critique de l’Occident chrétien se fait à travers une comparaison constante avec les Turcs et leur propre pratique de l’Islam. A travers un jeu de comparaisons et d’inversions paradoxales qui concentrera une grande partie de notre attention, l’auteur anonyme en vient à démontrer que les musulmans sont plus charitables, plus généreux, plus pratiquants que les chrétiens et que finalement, les musulmans ont un comportement plus fidèle aux préceptes de l’Évangile que les chrétiens eux même : en un mot, les musulmans turcs sont plus authentiquement chrétiens que les chrétiens eux-mêmes. Enfin, ce texte montre la pratique fidèle de la foi chez les musulmans turcs, la stricte observance des préceptes de l’Islam (ce que nous serions tentés d’appeler maintenant « intégrisme ») comme un élément modélisant, dont devrait s’inspirer un Occident chrétien, vautré dans le matérialisme, la corruption, l’hypocrisie et les faux-semblants. Le propos du texte est, bien sûr, un propos de réforme du monde chrétien : il s’agit de réformer le christianisme vers plus d’intériorité, d’authenticité, de respect des préceptes évangéliques. Mais ce qui nous intéresse ici c’est que cette volonté de réforme passe par le regard sur l’altérité musulmane : loin d’être repoussoir, l’Autre musulman devient ce levier et cet exemple qui nous permet, à nous, Occidentaux, de nous améliorer et de nous améliorer, paradoxalement, dans notre propre foi chrétienne.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03598825 , version 1 (06-03-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03598825 , version 1

Citer

Christine Orobitg. « L’Occident se regardant au miroir musulman : le Viaje de Turquía (1557-1558) ». Résonances islamiques en Occident, Bénédicte LETELLIER & Guilhem ARMAND, EA DIRE – FLSH – Université de La Réunion, Mar 2022, Saint Denis (La Réunion), France. ⟨hal-03598825⟩
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