La droite religieuse et catholique dans la fabrique du national-christianisme états-unien, pp. 257-286
Abstract
Le basculement de la droite chrétienne dans le populisme trumpiste s’est opérée pendant la campagne présidentielle de 2016. Cette tendance rassemble des catholiques militants conservateurs, associés aux évangéliques et aux néo-pentecôtistes, dans un grand œcuménisme radicalisé. Elle a rempli le parti républicain d’une intransigeance idéologique et morale qui est allée se resserrant avec les années. Au nom du vrai peuple américain, elle prône une politique anti-immigrée/antimusulmane et antilibérale, à égalité d’importance et de militance. Elle mène ensemble la guerre de civilisation et la guerre des valeurs. Son American Christianism va défendre l’esprit religieux de la Séparation américaine, la nécessité d’un retour au christianisme public, la préservation des vraies valeurs américaines et la fin de la confusion morale dans les liens de couple et familiaux, l’arrêt immédiat de la légalisation de l’avortement et du mariage homosexuel. Pendant la mandature Trump, un élan a été » porté » en Europe par les idées de la droite religieuse américaine. Nous pouvons constater leur exportation, collaborant à réveiller par leur tocsin, une Europe endormie au milieu de l’incendie ( de l’Islam, de l’Union Européenne, du Parti de Davos), à côté voire main dans la main avec ses équivalents russes et israéliens dans la grande cause eurosceptique. À coup de transferts d’argent et d’activité de think-tanks et d’ONG conservatrices, à coup de voyages et de rencontres, une rhétorique américanisée a saisi les réseaux de l’advocacy catholique (famille, mariage, droits naturels) et de nouveaux partis populistes sont nés.