, Si les fonctionnaires de Turquie identifient une héritière et une morte, ils ne les authentifient pas pour autant. La façon dont se règle en définitive l'histoire le laisse supposer : deux témoins suffisent à « attester » qu'il s'agit de la « bonne » Sati. La Sati vivante est jugée être celle de 1948 et non celle de 1951, puisque celle-ci est réputée morte, alors qu'il s'agit certainement du contraire. Le signifiant « valide » -« Sati K née en 1948 » -l'emporte sur le reste : il fait loi. L'authentification ne semble pas avoir été la priorité des fonctionnaires. Cela constituera ma première hypothèse : d'une façon plus générale, et cela jusqu'à récemment, a été privilégiée par l'administration turque l'identification à l'authentification. Cela est particulièrement visible pour les femmes dont l'origine « disparaît » avec le mariage. Elles demeurent identifiées mais ne sont d'aucune façon authentifiées. Faisons un pas de plus et avançons l'hypothèse qu'avec cette préférence pour l'identification, nous sommes devant un héritage de l'Empire ottoman 17 . La seconde hypothèse découle de la première et provient aussi de ce constat : dans le roman d'Aziz Nesin comme dans ce cas que j'ai présenté ici, il semblerait qu'aucune rature ne soit jamais envisagée. Il paraît impossible de signifier que le signifiant soit venu à manquer. Aucun signifiant, donc, comme signifiant du manque, Les rapports entre les trois registres se transforment. Le symbolique a désormais la main sur l'imaginaire : le signifiant « bure » confère une image valide du moine. Cet imaginaire vient déterminer le réel : porter la bure/avoir l'image d'un moine fait bien le moine

C. Lévi-strauss and «. , Anthropologie structurale, pp.205-226, 1958.

, Je renverrais ici à trois articles qui pourraient alimenter la réflexion sur ce point : Olivier Bouquet, « Onomasticon Ottomanicum : identification administrative et désignation sociale dans l'État ottoman du xix e siècle, vol.127, pp.213-235, 2010.

. I??k-tamdo?an and . La-fille-du-meunier-et-l'épouse-du-gouverneur-d'adana, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, vol.127, pp.143-155, 2010.

M. Aymes and . Prêts-noms, Politique du métonyme », Revue d'histoire moderne et contemporaine