Résister par les mots. Les nationalistes tunisiens face à la question de l’alcool (1920-1935) - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Résister par les mots. Les nationalistes tunisiens face à la question de l’alcool (1920-1935)

Résumé

Dans l’entre-deux-guerres, des mouvements nationalistes émergent en Tunisie, comme dans la plupart des colonies, afin de réclamer davantage de place pour les Tunisiens dans l’administration du pays, un plus grand accès aux terres agricoles ou encore une plus grande liberté de presse. Jusqu’au milieu des années 1930, et l’arrivée du néo-destour, il ne s’agit pas, pour la majorité des nationalistes de réclamer l’indépendance, mais bien de critiquer l’iniquité coloniale et les effets pervers de la présence française outremer. La stratégie de l’indépendance para\ⁱt sans doute peu réaliste, et un discours insistant sur l’inégalité résultant de la présence française est à même de rassembler toutes les classes sociales. La Bibliographie sur le nationalisme tunisien est abondante et nombreux sont ceux qui se sont penchés sur les ressorts de la résistance au Protectorat français du parti du Destour puis du parti du néo Destour dans l’entre-deux-guerres. L’analyse des discours des nationalistes n’a cependant pas toujours fait l’objet d’études exhaustives, malgré des études en cours. Si les revendications politiques restent majoritaires, d’autres thèmes peuvent également être déployés par certains dirigeants du Destour ou du néo-destour, comme Abdelaziz Thaalbi ou Habib Bourguiba, pour tenter de démontrer les conséquences négatives de la présence française outre-mer. Et le rapport des colonisateurs à l’alcool fait parti de ces sujets qui donnent du grain à moudre à la résistance, au moins verbale, des nationalistes tunisiens. La consommation d’alcool est un sujet symbolique dans un pays musulman, la Tunisie, qui conna\ⁱt certes une première démocratisation de l’alcool au xixe siècle, mais où la présence de l’alcool reste faible et surtout assimilée à des facteurs exogènes. Avec la colonisation, la consommation globale de vin par habitants augmente, tout comme le nombre de débits de boissons, laissant penser à laissant penser à l’introduction d’une culture alimentaire étrangère en Tunisie. Il est alors intéressant de se demander comment le traitement de thèmes comme l’alcool, participe à une stratégie globale de lutte que les nationalistes adoptent dès le début contre le colonialisme, stratégie qui n’est pas seulement une lutte politique, ayant pour cœur la question du contrôle de l’appareil administratif, mais aussi une critique plus vaste, touchant de nombreux aspect de la vie sociale. Pour tenter de mener à bien notre réflexion, nous tenterons d’étudier la façon dont Abdelazize traite de l’alcool en Tunisie à l’époque dans son ouvrage fondateur, Tunisie martyr, de 1920. Puis nous essayerons de voir comment ce thème est évoqué, une dizaine d’années plus tard, dans L’action tunisienne, le principal organe de résistance d’Habib Bourguiba, fondé en 1932. Il ne s’agit ici pas de procéder à une relève quantitative des discours nationalistes évoquant l’alcool, mais bien une analyse qualitative de certains de ces discours afin d’y trouver les logiques les plus saillantes, motivant les individus en question à évoquer ce sujet.  

Domaines

Histoire

Dates et versions

hal-02089940 , version 1 (04-04-2019)

Identifiants

Citer

Nessim Znaien. Résister par les mots. Les nationalistes tunisiens face à la question de l’alcool (1920-1935). Nicolas Berjoan. Résister corps et âmes. Individus et groupes sociaux face à la logique du pouvoir, Presses universitaires de Provence, pp.115-128, 2017, ⟨10.4000/books.pup.27858⟩. ⟨hal-02089940⟩
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