À chacun sa biodiversité : approches savantes et locales de la gestion des ressources et des milieux dans le Sud de la France et le Haut Atlas marocain - Aix-Marseille Université Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue d’ethnoécologie Année : 2014

To Each His/Her Biodiversity: Local and specialist views of biodiversity and natural resource management

À chacun sa biodiversité : approches savantes et locales de la gestion des ressources et des milieux dans le Sud de la France et le Haut Atlas marocain

Résumé

Natural resources and territories management can take diverse forms, depending on ways of thinking and knowledge of people involved in. Based on examples taken from three contrasted areas (Regional Natural Parks of Luberon and Queyras in Southern France, and High Atlas territories in Morocco), we will show to which extent academic and local approaches differ in the ways of perceiving, managing and shaping territories, as well as biodiversity concerns. Territory delimitations and zoning illustrate these discrepancies: divisions of the total area on the basis of specific species or ecosystem protection problematic, or accordance with national or international directives in matter of environmental protection, on the one hand; geographic, historical, cultural and economical criterions, and a generalized concern of seeking functional complementarities of differentiated resources areas uses, on the other hand. Concerning biodiversity, the academic approach aims at defining general rules by optimizing researches and specialized knowledge on specific elements of biodiversity such as a species or an ecosystem, while locals argue forms of local particularisms, away from any generalization, but whose vision combines both systemic and functionalist aspects in relation to human activities. This usually leads to a certain foul’s dialogue between these actors, which is exacerbated by a strong power asymetry in matter of formal resource management competencies, and by a certain mutual ignorance concerning the content and the construction modes of these different types of knowledge.
Les termes « Biodiversité » et « Gestion des ressources naturelles » ont progressivement pénétré ces dernières années l’ensemble des discours sociaux en corrélation avec le processus d’institutionnalisation d’une politique de « développement durable » (Aubertin & Vivien 2005). Ils témoignent aussi d’une globalisation de la problématique écologique qui envisage les problèmes environnementaux comme résultant à la fois de facteurs naturels et sociaux. Mais au-delà des mots, ces acceptions et les pratiques qui s’y réfèrent, recouvrent des réalités perçues parfois de manières très hétérogènes et qui relèvent de systèmes de représentations propres aux acteurs concernés. L’utilisation de ces termes et des significations qu’ils recouvrent, n’est plus l’apanage des seuls milieux scientifiques qui les ont générés sémantiquement. De plus en plus, les populations locales revendiquent des « points de vue » et des « actions » au nom de la biodiversité et de la gestion des ressources naturelles, relayés par tout un courant de recherches sur les savoirs et savoir-faire locaux. Dès lors il apparaît important de mieux cerner les caractéristiques, les points de blocage et les points de convergences possibles entre approches savantes et populaires de la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité, pour envisager des concertations et des médiations efficaces et éviter des formes d’action non partagées. Nous nous attacherons ici à montrer comment ces deux types d’approches se différencient, notamment en ce qui concerne la perception et le façonnage des territoires, et l’appréhension de la biodiversité. L’analyse des discours et représentations des approches savantes et des populations locales proposée dans cet article, se base sur les résultats de plusieurs recherches interdisciplinaires menées sur les territoires du Luberon, Queyras et Haut Atlas marocain depuis une dizaine d’années, qui ont mobilisé la combinaison d’enquêtes sociologiques sur les perceptions et de mesures écologiques de terrain. Ces sites sont intéressants à aborder conjointement car ils reflètent une certaine diversité d’approches et de contextes : des Parcs Naturels Régionaux censés mettre au cœur de leurs problématiques les interactions société/environnement, dans les deux premiers cas, une gestion officielle, centralisée et peu participative des espaces naturels par les Services forestiers de l’État dans le troisième ; des populations locales diverses et ayant des niveaux de dépendance directe vis-à-vis des ressources naturelles contrastés : montagnardes et très rurales dans les deux derniers cas, plus « urbaines » dans le premier.
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hal-02100566 , version 1 (16-04-2019)

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Citer

Chantal Aspe, Didier Genin. À chacun sa biodiversité : approches savantes et locales de la gestion des ressources et des milieux dans le Sud de la France et le Haut Atlas marocain. Revue d’ethnoécologie, 2014, 5 (5), pp.1-14. ⟨10.4000/ethnoecologie.1707⟩. ⟨hal-02100566⟩
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