“Sarai nobile se sarai virtuoso” : l’œuvre sociale des Tapparelli-d’Azeglio
Abstract
L’œuvre sociale des Tapparelli d’Azeglio, ou plus exactement celle de Roberto et Costanza, se dessine dans la correspondance qu’ils ont échangée avec leur fils Emanuele. Cette correspondance, parce qu’elle révèle des faits, des pensées et des émotions qu’on ne saurait confier qu’à un fils aimé, nous permet de reconstruire au plus près l’action de Roberto et Costanza mais aussi d’en saisir les motivations afin de mieux en estimer la dimension. Nous avons distingué les initiatives dictées par un événement extraordinaire (l’épidémie de choléra de 1835 et la guerre de 1859) et celles qui, pendant trente ans, s’inscrivirent dans le quotidien du couple (lutte contre la pauvreté et l’illettrisme) sans négliger le rôle essentiel joué par Roberto d’Azeglio dans l’octroi de l’Acte d’émancipation des Vaudois sous forme de Lettres patentes signées par le roi le 17 février 1848 et publiées le 24 dans la "Gazzetta piemontese". Au vu d’une telle activité, qui mit à mal non seulement la santé mais aussi la fortune de Costanza et de Roberto, on peut s’interroger sur les raisons d’une œuvre sociale souvent mal comprise. La meilleure réponse nous est semble-t-il donnée par Cesare d’Azeglio répondant au jeune Massimo qui lui demandait s’il était vrai qu’ils fussent nobles : « Sarai nobile se sarai virtuoso », formule que semblent reprendre et expliciter les mots que choisira Emanuele pour conclure Une famille piémontaise au moment de s’éteindre : au terme de l’existence, « les ancêtres ne seront que de peu d’utilité, et Dieu vous demandera non qui vous avez été mais ce que vous avez été ».