Cinéma, imprimerie, illisibilité. Une composition anthropologique

Jean-Michel Durafour (1)

1 LESA - Laboratoire d'Etudes en Sciences des Arts

Ca commence par Cortázar, encore une fois, pour poser la question anthropologique des rapports entre cinéma et illisibilité à partir des réactions qu'une première réception du cinéma a pu engager entre le cinéma et l'imprimerie. Après un détour par la question du devenir du lisible dans l'image cinématographique (à travers un exemple choisi : Carpaccio), on revient sur la distinction entre visible et lisible en rappelant que, si ineffable il y a, il est toujours un présupposé du langage, et que le visible, l'indicible, le seulement visible (lire, c'est entendre), ne se situe pas en extériorité au langage mais dans le langage comme un imperium in imperio, comme un « oeil » (cyclonique) dans le discours (Lyotard), comme le moment aussi où les mots, pour devenir lisibles, devront venir à la figuration (Benjamin) : la séparation entre visible et lisible passe dans le lisible et engage une conception du visible, non plus comme non lisible, mais comme positivement illisible, comme ce qui est exclu de la lisibilité tout en y étant inclus, ce à quoi la lisibilité s'applique en s'y désappliquant. L'illisibilité convoque alors une autre question, de rebond, par transfusion, irradiation de l'image dans la langue : un certain devenir de l'écriture sur le cinéma-celui de l'illisibilité, d'une zone d'indétermination et de brouillage entre le lisible et le visible-que la dernière partie de ce texte examinera (Béla Balázs, Jean Louis Schefer).

Mots clés: Imprimerie; Langage; Cinéma

Domaines: Sciences de l'Homme et Société; Art et histoire de l'art

Jean-Michel Durafour. Cinéma, imprimerie, illisibilité. Une composition anthropologique. Écrans, 2017, Questions de cinéma, problèmes d’anthropologie, 7, pp.97-112. ⟨hal-02024081⟩