De l'autobiographie au destin universel : lecture de L'Uomo de Saba
Abstract
La première publication du poème L’Uomo advient de manière confidentielle au mois de juin 1926, à Trieste, aux presses de la Libreria Antica e Moderna d’où Saba a lui-même édité ses recueils depuis 1920. Il s’agit d’une plaquette tirée seulement à vingt-cinq exemplaires et réservée aux amis de Saba dont le nom figure sur la page de garde de chaque tirage. Il faut attendre deux ans de plus pour une parution nationale dans le cinquième numéro de la troisième année de la revue florentine « Solaria », un numéro spécial entièrement consacré au poète triestin. La visibilité des poèmes de Saba par la médiation de la revue florentine permet aussi de faire démarrer véritablement le début de sa fortune critique, à la fin des années vingt, car de futurs noms prestigieux de la culture comme Solmi, Montale, Debenedetti ou Gadda écrivent des articles pour ce numéro spécial. Dans la plaquette triestine originale, L’Uomo comporte cinquante strophes, plus deux strophes manuscrites rajoutées par l’auteur à la dernière minute, tandis que la version de la revue « Solaria » est amplifiée de cinq strophes supplémentaires, pour un total définitif de cinquante-sept strophes. Il s’agit donc d’un poème long dans la lignée des « poemetti » ; Saba le définit justement comme « un breve poema ».