Elections présidentielles au Costa Rica
Résumé
Dimanche 3 avril 2022, le Costa Rica a choisi Rodrigo Chaves pour succéder à Carlos Alvarado Quesada (celui-ci ne pouvait se représenter pour un second mandat consécutif), à la fonction de Président de la République et de chef du gouvernement. Ce conservateur, membre du tout nouveau Parti Progrès Social Démocratique (PPSD, situé au centre droit de l'échiquier politique) a en effet remporté l'élection présidentielle avec 52,8 % des voix, devançant ainsi largement son rival du Parti de Libération Nationale (PLN, également centre droit), l'ancien Président José Maria Figueres (1994-1998). Si l'on en juge les sondages qui le créditaient de 5 % des intentions de vote lors du lancement de la campagne électorale, la victoire de Rodrigo Chaves peut apparaître comme une surprise dans cette élection qui opposait 25 candidats ! Quasi inconnu du grand public (Rodrigo Chaves a fait un passage éclair dans le gouvernement de Carlos Alvarado, en exerçant 6 mois les fonctions de ministre des Finances à partir de sa nomination en octobre 2019), le nouveau Président âgé de 60 ans, ancien haut fonctionnaire, économiste de formation, qui a travaillé pendant 27 ans à l'étranger à la Banque mondiale était en effet revenu au Costa Rica depuis seulement 3 ans. Le succès de Rodrigo Chaves n'est cependant pas totalement surprenant. En effet, alors qu'il avait mis fin au bipartisme traditionnel qui perdurait depuis 40 ans autour du PLN et du PUSC (Parti Unité Sociale-Chrétienne, centre droit), le Parti d'Action Citoyenne, classé centre gauche, n'a pas su conserver la confiance des électeurs déçus après 8 ans d'exercice du pouvoir. En témoigne, la déroute du PAC aux élections législatives qui se déroulaient en même temps que le premier tour de la présidentielle (le 6 février) puisqu'il n'a obtenu n'obtenant aucun des 57 sièges de l'Assemblée. Le nouveau Président, qui se fait le chantre de la lutte anti-corruption en politique incarnée par le Président sortant soupçonné d'avoir reçu 900 000 dollars de la part de l'entreprise Alcatel en 2004 en échange de l'attribution de marchés publics, n'a visiblement pas été affaibli par les accusations de harcèlement sexuel de deux collaboratrices de la Banque mondiale dont il a lui-même été l'objet ou encore par les soupçons de financement illicite de sa campagne électorale... Il reste que la tâche de Rodrigo Alvarez ne s'annonce pas aisée : sur le plan politique, son parti ne dispose pas de la majorité à l'Assemblée (il n'a remporté que 10 des 57 sièges) et devra nécessairement composer avec les autres partis, même s'il entend recourir au référendum ainsi qu'il l'a affirmé durant la campagne. Sur le plan économique, le Costa Rica, dont le tourisme constitue un secteur essentiel, a été durement atteint par la pandémie de coronavirus. Le nouveau Président devra également faire face à une progression importante du chômage (10 % à 14 % depuis 2018) ainsi qu'à une dette publique représentant 70 % du PIB. Le Costa Rica, considéré comme l'un des régimes les plus stables dans une région tourmentée amorce ainsi une nouvelle étape importante. Il n'est pas sûr cependant que les premiers signaux populistes envoyés par Rodrigo Chaves, qui a signé durant la campagne un accord avec un groupe de pasteurs évangéliques en faveur du maintien d'une politique stricte en matière de procréation médicalement assistée, soient des plus rassurants et favorables à l'unité du pays... A. B. Marge Un quasi-inconnu du grand public Un Président sans majorité à l'Assemblée Un tournant pour le Costa-Rica
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